Haut-Katanga: un scandale de corruption au cœur de l’élection des sénateurs

Haut-Katanga: un scandale de corruption au cœur de l’élection des sénateurs

Réputée être le réservoir des sages de la Nation, la Chambre haute du Parlement qui est censé inspirer confiance et respect des normes démocratiques, est aujourd’hui souillée par des actes de corruption dont certains Députés provinciaux et candidats sénateurs ont fait montre. Dans le haut-Katanga, les voix se négocieraient entre 25.000 et 50.000 USD par votant; affirme des sources. Ce qui a poussé  certains candidats à se retiré de la course. C’est le cas de Raphaël Katebe Katoto cadre du Front Commun pour le Congo, et Sama Lukonde, ancien ministre de la Jeunesse et Sports. Ils ont retiré leurs candidatures aux élections sénatoriales en dénonçant des pratiques de corruption. Ils ne sont pas les seuls à avoir retiré leurs candidatures, plusieurs autres l’avaient déjà fait  avançant  la même cause.

L’annonce de leur désistement a été faite ce jeudi  par Freddy Kashoba président du bureau définitif de l’organe délibérant du Haut-Katanga, à quelques heures de la tenue des scrutins. C’est au total, 48 députés provinciaux du Haut-Katanga qui ont élus 4 sénateurs devant représenter la province à la chambre haute du parlement.

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Certains députés provinciaux sont accusés d’avoir demandé de l’argent en échange de leurs voix. L’affaire a fait grand bruit.

D’autres candidats ont ouvertement dénoncé ce qu’ils appellent un « monnayage des voix » « Il y en a qui  demandent 50 000 dollars. Le moins cher est  à 25 000 dollars. Je me vois très mal dépenser de l’argent pour corrompre des députés et ensuite me battre contre la corruption une fois élu ». Affirme Mathieu Kansuka candidat sénateur. Je ne peux pas me lancer dans la bataille de cette manière-là. Poursuit-il.

 

Maitre Thom Moma président du réseau des personnes qui résistent a la corruption évoque les articles 432-11 et 433-1 du Code Pénal Congolais qui punit de dix ans d’emprisonnement le fait, par quiconque, de proposer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques à une personne dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service public. Selon lui, les corrupteur et  corrompu, sont tous passibles des poursuites judiciaire.

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Un scandale tout haut

La goutte d’eau qui a fait débordé le vase est la somme de vingt-deux mille dollars américains, montant distribué  par le ministre provincial des Finances le 11 février dernier à l’issue d’une  rencontre avec certains députés provinciaux à l’Hôtel Karavia de Lubumbashi. L’information est révélée le 12 février soit un jour après par le Collectif de l’élite haut-katangaise que cite l’IRDH (Institut de recherches en droits Humains). L’IRDH précise que le courrier de ce  collectif, publié sur internet, portait l’accusé réception de la présidence de la République du 14 février.

La question est sur toutes les lèvres. On en parle partout. La société civile  monte au créneau. Elle cite certains noms des personnalités impliquées dans cette pratique de corruption. Il s’agit de Celestin Mpande Kapopo et Jacques Kyabula Katwe respectivement candidat sénateur et candidat gouverneur pour le compte du Front Commun pour le Congo(FCC),  la plateforme autour de l’ex président joseph Kabila. Des sources concordantes affirment que des députés auraient  même étaient contraint de passé la nuit à Karavia la veille du scrutin.

Requête d’une information judiciaire

Des organisations de la société civile dont IRDH, et ACAJ demandent à la justice de se saisir de l’affaire.  Ils évoquent les conséquences immédiates de l’élection des sénateurs, si ces pratiques de corruption sont confirmées. Hubert Tshiswaka directeur de l’IRDH estime pour sa part que  « A cet allure, on assistera à tout ce que l’on a toujours décrié depuis longtemps: la mauvaise gouvernance et le détournement des deniers publics. Le contrôle parlementaire n’existera même pas».  Hubert Tshiswaka sollicite du procureur général de la République, près la Cour de cassation, d’inviter les dénonciateurs à éclairer la justice, afin de déférer urgemment les présumés corrupteurs et corrompus.

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Luzolo Bambi, conseiller spécial de l’ancien chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, demande lui aussi au procureur d’ouvrir une information judiciaire sur les faits allégués de corruption dans le processus d’élections des Sénateurs et gouverneurs.

Il sollicite du procureur général des mesures urgentes à prendre pour stopper des faits qui portent atteinte à l’éthique et à l’intégrité de ceux qui sont censés représenter la population dans les assemblées délibérantes. « Des voix se monnayent au sein des assemblées provinciales pour être élu gouverneur de province ou sénateur ».

Selon lui, l’intégrité des acteurs électoraux déterminera l’engagement des futurs sénateurs et gouverneurs de province à contribuer à la moralisation de la vie publique et à la promotion de la bonne gouvernance.

Luzolo Bambi qui lui-même était candidat sénateur pour la province du Kongo Centra avait  retiré sa candidature après avoir constaté le marchandage des voix.

Révision du mode  de scrutin

Interrogé à ce sujet au cours d’une conférence de presse à Windhoek en Namibie, le président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi, a condamné ces pratiques. Il a même proposé de modifier le système électoral pour mettre fin à cette corruption des grands électeurs.

Félix Tshisekedi suggère que les élections des sénateurs et des gouverneurs se fassent au suffrage universel, une idée qu’épousent certaines organisations de la société civile.

Le procureur général de la République (PGR) avait sollicité samedi le report de l’élection des sénateurs et des gouverneurs de province prévues le 26 mars prochain pour enquêter sur les allégations de corruption, ce que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a refusé.

C’est sans surprise que le gouverneur sortant Pande Kapopo est élu sénateur pour le compte de la province du Haut-Katanga  avec huit voix après la présidente de l’Union panafricaine de la Jeunesse (UPJ), Francine Muyumba qui est en tête avec neuf voix.

 

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