Lubumbashi : la grève de médecins suspendue, elle aura fait ses victimes

Lubumbashi : la grève de médecins suspendue, elle aura fait ses victimes

La levée de la grève des médecins  annoncée  ce 04 aout dans la soirée  et la reprise  ce vendredi 06 aout dans les hôpitaux de Lubumbashi est un ouf de soulagement pour les malades et les familles. Pendant cette période de grève sèche certaines familles ont  assisté impuissant au décès des membres de leurs familles. Deux familles, deux histoires, mais toutes ont vécu un drame, la perte d’un membre de la famille.

Le 22 avril  à minuit une famille*(le nom n’a pas été donné pour une question de dignité humaine) habitant le quartier Bel Air  non loin de l’avenue des  Pins dont le père est malade,   a vécu l’enfer. Le père qui ne se sentait pas bien fait venir un médecin chez lui, bilan un taux élevé de la glycémie est détecté au moins 220. Le médecin conseil la prise de l’eau, le repos et les aubergines.  À  mi –journée, il sent d’aplomb. C’est tard dans la nuit  que la situation s’aggrave. Il se plaint de fatigue intense. Le médecin venu à son chevet recommande une hospitalisation immédiate. Le temps de trouver un moyen de travers, la direction vers le premier hôpital. Les Cliniques de la SNCC situé sur chaussée de Kasenga au niveau du Tunnel. Ici, 30 minutes s’écoulent avant que la famille soit notifié que l’hôpital ne reçoit car c’est la grève sèche.  La famille ne perd pas espoir, elle se dirige vers les cliniques universitaires, ici, c’est le même scenario et pendant ce temps la santé du malade se dégrade. Désespérée, elle se décide d’aller à l’Hôpital Général Jason Sendwe. Le même scénario. 3à minutes ou plus de discussion, l’hôpital Accepte de la prendre en charge et pendant ce temps le malade est dans un état critique. Une heure après la mauvaise nouvelle tombe, ce père de famille est décédé et laisse 10 enfants derrière lui et une veuve sans ressources.

Cette triste histoire ressemble à celle  precede  Un homme et  père de 5 enfants a des malaises depuis quelque temps. Peu après il a des vomissements. Le 12 juillet dans la nuit, il est acheminé  aux cliniques universitaires. Malgré les supplications de la famille aucun médecin n’accepte de le prendre en charge.  À  1 heure du matin, il est acheminé à l’hôpital  Don Bosco. Ici c’est une toute autre histoire. L’hôpital refuse de le recevoir à moins d’avoir une caution de 1500 dollars Américains. La famille ne dispose que de 150 dollars, elle supplie pour que les premiers soins soient administrés en attendant l’ouverture des Banques le matin. Pendant que la famille réfléchit à une solution, le malade est abandonné sur une civière comme un pestiféré. Pour finir le malade est acheminé à l’Hôpital Général Jason Sendwe, ici, il est pris en charge grâce à sa nièce qui est  médecin dans cet hôpital. Quelques jours après  Le 21 juillet, il décède.

Le cas de ces deux personnes n’est pas isolé, les malades ont été ballottés d’hôpital en hôpital pour trouver un médecin pour leur prise en charge. Qu’est ce qui a été fatale pour les deux pères ? L’on ne le saura jamais mais néanmoins la prise en charge tardive  a peut-être   jouer un rôle déterminant dans leur décès.

Une étude menée en 2019  par François Xavier Ageron  et 9 de ses collègues    sur l’impact de la durée de la prise en charge pré hospitalière sur les taux de mortalité des patients indique que plus le temps de la prise en charge  tarde plus le taux de mortalité est élevé : « Une expression propre à la médecine d’urgence est « l’heure d’or ». Celle-ci souligne l’importance d’agir promptement et rigoureusement lorsqu’un traumatisme survient afin d’augmenter les chances de la personne de survivre ou d’échapper à une invalidité grave. En effet, le temps écoulé entre la survenue de l’accident et la prise en charge du patient joue un rôle critique. »