Accès aux minerais de la RDC: la cause des tensions régionales

Le récent rapport du Groupe d’Étude pour le Congo et son partenaire Ebuteli a fait également d’autres révélations. Ce rapport intitulé : l’opération Shujaa de l’Ouganda  en RDC ? Combattre les EDF ou sécuriser les intérêts économiques ? Fait des révélations sur les véritables raisons des conflits dans cette partie du pays. Il s’agit de l’accès aux minerais de la RDC.

L’est de la RDC est une importante source des minerais pour l’Ouganda et le Rwanda. Affirme le rapport. Les deux pays se sont historiquement disputé l’accès aux minerais de l’Est de la RDC. Cette compétition est revenue sur le devant de la scène ces dernières années.

En novembre 2020, Dott Services a signé un contrat avec la société minière publique congolaise Sakima.  Ainsi, elle a acquis des sites miniers d’importance stratégique dans la province du  Maniema. Celle-ci sont riches  en  étain,  tantale et tungstène, ainsi qu’en or. Pour ce faire,  elle a créé une jointe Venture  Punia Kasese Mining (PKM), dont elle détient 70 % des parts. Les 30 % restants appartiennent à la société minière publique congolaise Sakima. Le contrat prévoit également la création d’une usine de traitement de minerais et de métaux précieux. Ce qui permettra à  l’entreprise de lancer des projets d’infrastructures dans la région.  Ainsi, le rapport note  par exemple  que c’est  la Présidence qui a géré ces contrats. 

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 Des contrats avec le Rwanda

Peu de temps après, fin juin 2021, une série de contrats miniers ont aussi été signés avec le Rwanda . Le premier a été signé entre les présidents des deux pays. Ce contrat stipulait que l’or produit par Sakima serait raffiné au Rwanda par la société locale relativement inconnue,  Dither Ltd. De plus, selon une source, les chargements d’or seraient  sécurisés par les armées de deux pays.  Cette disposition  donnerait  aux Forces de défense rwandaises « une marge de manœuvre considérable pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement minière dans les provinces de l’Est de la RDC ». Un autre contrat, signé entre Dither et Sakima au cours de la même période, stipule que Dither fournira un financement pour « le début des opérations minières ».

La présidence congolaise, en lieu et place du ministère des Mines, aurait également été impliquée dans les négociations sur ce dernier contrat.  Ce contrat, dont la version définitive n’a pas été rendue publique, a suscité de vives inquiétudes en Ouganda. L’or constitue l’une des principales sources de revenus d’exportation du pays. En 2021, l’or était le produit d’exportation le plus important de l’Ouganda, une valeur de 2,24 milliards de dollars La majeure partie de cet or provient de la RDC. Ainsi , une baisse de l’accès à l’or congolais entraînerait des conséquences économiques majeures, indique le rapport.

 L’Est de la RDC, un centre des intérêts  croisés des vampires

 À ce jour, sept mois sont comptés depuis  le lancement de l’opération Shujaa par l’UPDF dans l’est de la RDC. Cependant, le GEC constate que les opérations militaires n’ont pas encore réalisé  le succès escompté. 

 Certes,  l’opération a réussi à créer des poches de sécurité isolées. Mais sans parvenir à affaiblir structurellement les ADF. Ainsi, Gec  s’interroge si l’UPDF à la capacité de le faire. Car le  territoire est vaste. De plus, le gouvernement ougandais a des ambitions limitées. 

 À en croire ce rapport ,  les intérêts politiques et économiques  se cachent derrière ces opérations militaires à l’Est de la RDC. Dans l’ensemble, outre les intérêts sécuritaires, le gouvernement ougandais se concentre sur la sécurisation de ses investissements pétroliers et le renforcement des réseaux commerciaux. Ces  impératifs sont  motivés par la perte de légitimité du régime.

D’une part, révèlent ce même rapport,  les opérations militaires permettront la construction de routes, qui est réalisée par une entreprise politiquement connectée. Ces routes serviront la politique commerciale de l’Ouganda . Car la RDC a adhéré à la Communauté de l’Afrique de l’Est.

Enfin, l’intervention ougandaise a également créé une situation régionale potentiellement explosive par rapport à Kigali. L’opération militaire actuelle se déroule dans un contexte de relations déjà tendues entre l’Ouganda et le Rwanda, motivées par des problèmes de sécurité et d’accès aux minerais dans l’est de la RD Congo. Les opérations, ainsi que l’infrastructure routière, élargissent la sphère d’influence de l’Ouganda dans la région et pourraient potentiellement conduire à une nouvelle escalade de ces tensions.