Lubumbashi: les femmes victimes des violences sexuelles, accèdent difficilement à la justice

Célébration ce 25 novembre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La RDC reste un des pays ou le viol des femmes est souvent utilisé comme une arme de guerre. Dans le Haut Katanga, plus au Sud de la RDC, quelques 315 cas de viol ont été enregistrés selon les statistiques officielles au cours de deux premiers mois de l’année. Les victimes, souvent, sans ressources financières, accèdent difficilement à la justice. Reportage de Denise Maheho
Cette jeune fille qui a préféré gardé l’anonymat est accueillie à la clinique juridique de Lubumbashi. Elle a subi un viol il y a quelques mois. Elle vient chercher une assistance afin qu’elle saisisse la justice
« J’ai moins de 18 ans et l’homme a 33 ans. Nous vivons dans un même quartier. Le papa du jeune homme m’a obligée d’épouser son fils alors que je suis mineure. Un jour le jeune homme m’a pris de force et là Je suis enceinte. Aujourd’hui sa famille m’a jetée dehors. Moi-même, je ne peux pas saisir la justice car de je n’ai pas d’argent »
A Lubumbashi, la clinique juridique est l’unique structure qui accompagne les victimes devant les instances judiciaires. Il y a quelques années, elle accompagnait 100 victimes par an. Aujourd’hui, elle ne peut suivre que 20 cas car elle n’a plus de financement. Mais il y a une autre difficulté. Les magistrats exigent aux victimes souvent des frais qui vont parfois jusqu’à milles dollars et c’est au-delà de leurs moyens financiers. Explique Timothée Mbuya responsable de la clinique Juridique
« Il faut confirmer la plainte, il faut acheter des papiers….Quand un magistrat doit descendre sur le terrain pour aller revivre la reconstitution des faits, il demande toujours des frais. Le non payement de ces frais-là met parfois le magistrat dans la position inconfortable de demander aux parties de trouver un compromis »
Pour sa part Léon Kuminga procureur général de Lubumbashi condamne ces pratiques illégales et déclare avoir mis en garde les magistrats contre la corruption.
Clémentine Milambo membre de la société civile évoque quant à elle, des difficultés qu’éprouvent les victimes des viols à dénoncer leurs bourreaux. Pour elle seules deux femmes sur six acceptent difficilement de témoigner.
« C’est très difficile que les victimes de viols dénoncent. Les victimes et leurs familles préfèrent l’arrangement à l’amiable pour avoir un peu d’argent. C’est seulement quand la famille du bourreau ne réalise pas ce qu’elle leur avait promis qu’elles viennent chez nous »
Selon le rapport des Nations Unies en 2019, la RDC a enregistré 900 victimes de viol dont la plupart ont été recensés dans la partie Est du pays en proie aux conflits armés