RDC : 17 ans après le massacre de Kilwa, la justice toujours pas rendue
Plus de 70 personnes avaient étés massacrés par des soldats de l’armée congolaise dans la cité de Kilwa en 2004. 17 ans après ce massacre, la justice n’a jamais était rendue en faveurs des victimes et leurs familles malgré la mesure d’indemnisation accordée par la Commission africaine des droits de l’homme. De leurs côtés les victimes et leurs familles continuent de mener une campagne inlassable pour obtenir justice.
Dike, la quarantaine révolue est l’un des victimes. Il a perdu son père et sa jeune sœur lors des évènements du 14 et 15 Octobre 2004 à Kilwa. C’est avec émoi qu’il en parle encore aujourd’hui. « Mon père avait été tué par balle et ma jeune sœur elle avait subi un viol collectif des militaires et elle avait succombée suite aux lésions qu’elle avait eu à la suite de ce viol ».
17 ans après Dike se bat pour exiger une indemnisation en mémoire de toutes les victimes de sa famille comme celles lointaines. « Le sentiment qui m’anime aujourd’hui c’est un sentiment de revendication, une indemnisation pour moi voudrait dire que le gouvernement reconnaisse d’abord ce massacre ça sera une façon d’honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie lors de ces évènements ».
Dans ce combat de reconnaissance, Dike n’est pas seul. Ils sont au nombre de huit à avoir porté plainte. En 2017, la Commission africaine a décidé que la RDC avait violé la Charte africaine par rapport à ce massacre. Elle leur avait accordé des dommages-intérêts de 4,36 millions de dollars qui n’ont jamais été accordée par la Commission africaine. Elle a aussi ordonné à l’État congolais d’identifier et d’indemniser les autres victimes et leurs familles non parties à la plainte mais directement touchées par l’attaque.
En Juin dernier, AFREWATCH et 3 autres organisations de la société civile à savoir Rights and Accountability in Développent (RAID), Institute for Human Rights and Développent in Africa (IHRDA), Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains (ACIDH) avaient adressées une lettre à Son Excellence Monsieur le Président de la République pour le mettre au courant de la décision de la Commission Africaine, et l’exhorter d’agir rapidement pour mettre en œuvre cette décision.
Richard Mukuna chargé des programmes droits humains à AFREWATCH affirme que son organisation ne peut pas baisser les bras tant que justice n’a pas encore été rendue. « Dans notre programme d’accompagnement des communautés nous les accompagnons jusqu’au bout. Il y’a eu massacre à Kilwa et 17 ans après il n’y a pas des résultats satisfaisants nous allons continuer à nous battre pour interpeller le gouvernement sur le rôle qu’il a joué dans ce massacre et sur l’exécution de la décision de la commission africaine ».
AFREWATCH estime que en exécutant la décision de la commission Africaine des droits de l’homme, le président de la république Félix Antoine Tshisekedi en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine pousserait les autres États membre membres au respect des droits humains et des engagements au niveau international.
Pour rappel, en 2004, une petite rébellion de jeunes s’était formée à Kilwa ou des gens commencé à parler de la sécession du Katanga. La réponse du gouvernement congolais et de l’armée avait été très dure. Des centaines de soldats ont bombardé le village, sans demander aux civils de quitter le village. Ils ont par ailleurs, fait du porte-à-porte et ont commencé à arrêter des gens qu’ils pensaient être avec les rebelles. Plusieurs femmes, enfants et bien sûr d’autres personnes ont ainsi été tuées dans ce massacre qui a duré à peu près deux, trois jours.