RDC : un nouveau genre d’agriculteurs pour la suffisance alimentaire

RDC : un nouveau genre d’agriculteurs pour la suffisance alimentaire

La RDC dépense  1,5 milliard de dollars par an pour l’importation des produits alimentaires. Pourtant, selon l’agence nationale pour la promotion des investissements ANAPI, avec une agriculture intensive, la RDC peut produire suffisamment et nourrir sa population de par l’abondance de ses sols fertiles, son climat tropical et ses autres atouts. Dans les soucis de réduire cette dépense en produits alimentaire, le pays voit naitre des agriculteurs d’un nouveau genre. Parmi eux, des avocats, des directeurs d’entreprises, des professeurs d’université et des médecins.

Bien que l’agriculture soit encore souvent considérée comme une activité peu rémunératrice, ces fermiers d’un nouveau genre, parient sur la filière bio, réputée plus rentable. C’est le cas de Maitre Hubert Tshiswaka, juriste de formation.

« J’ai travaillé pendant 10 ans en Afrique du Sud comme directeur de l’ONG OSISA- RDC. Chaque jeudi soir ou vendredi, tous mes collègues Sud-africains allaient dans leurs villages et s’occupaient de leurs fermes. C’est alors que je me suis dit, voilà comment nos amis se développent alors que nous Congolais, sommes en train d’abandonner nos terres. Et ces terres sont prises par d’autres capitaux Chinois, Indiens, Brésiliens…. » Révèle-t-il.

C’est donc en observant ses collègues Sud-Africain que lui est venu l’idée de la conversion. Revenu au pays, il s’est lancé dans l’agriculture et exploite une ferme de 12 hectares . Situé à 35 kilomètres au Nord-Ouest de Lubumbashi, Hubert Tshiswaka pratique essentiellement la culture du manioc et des cultures maraichères. Sa première récolte était pour lui encourageante soit 15 tonnes de manioc sur une surface de trois hectares. Cet avocat ne s’est pas arrêté là. 7 hectares de la ferme sont consacrés  à l’élevage. Et il en est fier :

«  Il y a des dindons, des canards, des poules, des chèvres… Et là je viens de commencer l’élevage de porcs. Ils sont au nombre de quatre. Je les ai achetés tout petit ; maintenant ils ont six mois . C’est un élevage très rentable. Un porc peut facilement avoir dix porcelets. S’ils mettent bas deux fois l’an, je peux facilement avoir une cinquantaine des porcs »

Plus à l’Est de Lubumbashi à 120 Km, Idy Ramazani possède un verger sur près de 300 hectares. Après  20 ans passés en Belgique, ce directeur d’entreprise minière combine son travail avec l’agriculture. Depuis dix ans, il plante des avocatiers, des manguiers, des orangers, des citronniers et principalement le palmier à huile. D’ici à deux ans , il espère produire de l’huile de palme, ce qui va lui permettre non seulement de gonfler ses revenus, mais également d’approvisionner le marché local.  Car actuellement la ville de Lubumbashi est approvisionnée en huile de palme de la Zambie ou de la région du Kasaï.

 ‘’ Si je peux déjà produire 4.000 litres par mois et vendre le litre à un dollar, cela va me procurer au moins 4.000 $  par mois. Mais c’est un revenu non négligeable surtout que je serai déjà pensionné’’ nous confie monsieur Idy.

Club des agriculteurs du Katanga

Pour développer au mieux leurs projets, ces agriculteurs d’un nouveau genre se sont regroupés en un club des agriculteurs du Katanga. Celui-ci comprend non seulement des petits fermiers, mais pareillement des agronomes et des vétérinaires. Leur objectif est de développer la filière BIO et promouvoir l’autosuffisance alimentaire. Le club des agriculteurs du Katanga est un espace d’échange d’expériences. Il permet aux membres de recevoir gratuitement des conseils des experts. Pour l’heure, ces petits fermiers ne bénéficient d’aucune subvention, chacun ne compte que sur ses propres moyens.

À noter que la RDC compte près de 80 millions d’hectares de terres arables. Pour les experts, le secteur souffre surtout de l’absence d’une politique nationale cohérente et d’une bonne gouvernance.