RDC: Ou va l’argent du Fond de promotion culturelle
A Lubumbashi, différents centres culturels ont repris les activités grand public au courant de ce mois d’octobre 2020. Cela après plus de six mois de suspension due à la pandémie du Coronavirus. Mais la crise financière n’épargne pas ce secteur déjà pauvre. Le gouvernement Congolais ne consacre à la culture que 3 % de son budget. Les artistes et les opérateurs culturels ont les yeux tournés vers le Fond de Promotion culturelle, un service public chargé de subventionner leurs activités.
Pour marquer la reprise des activités, l’institut Français de Lubumbashi accueille depuis deux semaines une exposition intitulée ‘’ Dessin en Liberté’’. Elle a été réalisée par 50 dessinateurs de presse du monde entier. Un calendrier des spectacles, des concerts et des festivals est établi. Au centre d’art Waza, un autre centre culturel de Lubumbashi, les activités grand public ont aussi repris.
Pour la plupart d’artistes, la période de l’Etat d’urgence décrétée par le Président de la République à la suite de la pandémie du coronavirus les a pratiquement réduit au chômage. La crise financière n’a pas épargné le secteur culturel affirme Patrick Mudekereza, directeur du centre d’art Waza
Nous sommes fortement impactés par la crise, nous avons été obligé de stopper plusieurs programmes, nos projets n’ont pas reçu de subvention car c’est une crise financière et nos bailleurs n’ont pas été prêts à nous financer
Le secteur culturel Congolais doit-il seulement compter sur les bailleurs étrangers ?
Depuis 2011, la RDC s’est doté d’ un service public chargé de collecter des ressources à reverser aux artistes et aux opérateurs culturels à titre de subvention ou de prêt, c’est le Fond de promotion culturelle. C’est un établissement public qui jouit d’une autonomie de gestion. Il a pour mission de « favoriser l’éclosion des industries culturelles et artistiques et assurer la diffusion de la production littéraire nationale ». A ce titre, le fond de promotion culturelle devrait financer chaque année des projets culturels . Ses recettes proviennent des 5% des recettes des librairies et papeteries installées en RDC, sur la vente des disques, des recettes des maisons d’architectures, de couture, bijouterie, des prestations des artistes, des publicités …… Les opérateurs culturels de Lubumbashi interrogés sur l’accompagnement de ce service public sont en désarroi. Patrick Mudekereza
‘’ C’est une structure qui perçoit des taxes et ces taxes sont censées être reversées sous forme de subvention ou de prêt aux artistes. Personnellement, ça fait plus de 20 ans que j’exerce ce métier, je n’ai jamais, en tant qu’opérateur culturel , reçu de subvention, je n’ai jamais été ,même en tant que public, à une activité financée par le Fond de promotion culturelle.
Et le Professeur Fabien Kabeya , responsable du centre d’animation théâtrale de Lubumbashi de s’interroger
‘’Rendez –vous compte, nous avons un fond de promotion culturelle et ce fond est approvisionné. Mais où va l’argent pour la culture ? Donc c’est question seulement d’être responsable, de travailler convenablement et ça ne sera pas une fatalité pour le Congo. ‘’
Une source au sein du Fond de promotion culturelle affirme que sa structure finance bien des projets artistiques jugés viables. Mais d’autres artistes indiquent qu’il n’y a jamais d’appel à candidature et le budget de ce service n’est pas connu.