RDC : Laurent-désiré Kabila : Démocrate ou conquérant?
Comme on le dit, il est difficile de fabriquer un démocrate à partir du sommet du pouvoir d’Etat. Dans le parcours de Kabila, aucun n’indice d’une lutte démocratique. Reconnaissant le rôle qu’il a joué en tant que tombeur de Mobutu ou de son régime dictatorial, le naturel ne devrait-il pas revenir au galop ? Le héros RD Congolais, Laurent-Désiré Kabila est natif de Jadotville ancienne appellation de l’actuelle ville de Likasi le 27 novembre 1939. Il est mort le 16 janvier 2001 à Kinshasa de suite d’un assassinat. Il a été président de la République Démocratique du Congo de mai 1997 jusqu’à son assassinat en janvier 2001.
Cette légende RD Congolaise s’est engagée dans la lutte contre le régime de Mobutu dès les années 1960. Après tant d’années de maquis dans les montagnes de Wimbidira et de Hewa Bora dans les montagnes de l’extrême sud du Kivu. C’est en 1997 qu’il parvient finalement, avec la complicité des pays limitrophes dont le Rwanda et l’Ouganda, à évincer Joseph-Désiré Mobutu, déjà affaibli par la maladie, la sclérose de son pouvoir dictatorial et son isolement diplomatique. C’était dans le contexte de la première guerre du Congo.
Un an après sa prise du pouvoir, il est confronté à la deuxième guerre du Congo lorsqu’il ordonne l’expulsion de toutes les troupes étrangères du pays. Humiliés ou trahis, ses anciens alliés rwandais et ougandais soutiennent alors plusieurs groupes rebelles contre son gouvernement. Il s’agit notamment du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) et du Mouvement de Libération du Congo (MLC). C’est au cours de cette guerre qu’il a été assassiné par un de ses gardes du corps, Rashidi Mizele. Son fils, Joseph Kabila, lui succède quelques heures plus tard en toute impréparation à la gestion du pouvoir d’Etat.
Durant la crise congolaise ayant surgi au lendemain de l’indépendance du Congo belge, il lutte contre la gendarmerie katangaise dans les rangs de la jeunesse du Parti Balubakat (Jeubakat), le parti qui regroupe les membres de l’ethnie des Luba. Jason Sendwé, chef de la Balubakat, remarque ses talents d’orateur et le nomme « colonel » des jeunesses, en fait des milices Balubakat au Katanga. Il sort de l’anonymat en septembre 1963 lors de la création du Comité national de libération (C.N.L.), formation politique nationaliste (Lumumbiste) et révolutionnaire qui veut éliminer par la lutte armée le gouvernement Adoula.
Au début de l’année 1965, il se replie au Kivu où il est nommé chef des opérations militaires par un pouvoir rebelle qui contrôle à cette époque plus du tiers du territoire congolais. Il est toutefois plus présent dans les capitales étrangères d’Afrique orientale (Nairobi et Dar es Salaam) que dans les maquis qu’il paraît diriger de loin. Lorsque Che Guevara le rencontre à Dar es Salaam en février 1965, il est de prime abord séduit par lui. Le jugement du Che sur le sérieux des chefs congolais sera ensuite très négatif, y compris sur Kabila auquel il reproche d’être toujours absent du front.
De 1967 à 1985, Laurent-Désiré Kabila, suit un double parcours : il est à la fois le chef « révolutionnaire » incontesté d’un maquis peu étendu situé aux alentours de Hewa Bora dans les montagnes de l’extrême sud du Kivu, mais aussi un commerçant qui tire de substantiels bénéfices du trafic d’or et d’ivoire dont il détient le monopole dans son maquis.
Prise de pouvoir hasardeuse ?
Laurent-Désiré Kabila sort soudainement de l’ombre en septembre 1996 quand il signe à Gisenyi (Rwanda) un protocole d’accord créant l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.). Ce protocole est signé avec trois autres « rebelles » et exilés zaïrois dans lequel les participants s’engagent à œuvrer pour chasser Mobutu du pouvoir.
Au départ, cette « coalition » ne dispose pas de combattants ; un seul des signataires en disposait pour l’aventure. Ils devront donc compter au départ uniquement sur l’apport des troupes et de la logistique militaire des armées rwandaise, ougandaise puis angolaise.
C’est dans ce contexte que commence alors l’étonnante campagne militaire et politique qui, en quelques sept mois, conduit l’A.F.D.L. du Kivu à Kinshasa, conquise sans effusion de sang le 17 mai 1997, au lendemain de la fuite précipitée, le 16 mai, du président Mobutu.
Au fil d’une fulgurante avance qui l’étonne lui-même, dit-on, Kabila constitue vaille que vaille un semblant d’armée congolaise, composée essentiellement de jeunes recrues — enfants-soldats — ou de déserteurs des anciennes forces armées zaïroises. Par la suite, il réussira progressivement à éliminer ou à contenir politiquement les trois anciens fondateurs de l’A.F.D.L. dont il n’était au début que le « porte-parole ».
Gouvernement
La légitimité du gouvernement de salut public qu’il a mis en place en juin 1997 s’avérera cependant précaire. Outre l’absence de cohésion liée à une « victoire » trop rapidement acquise, le nouveau pouvoir est vite perçu comme étant téléguidé de l’extérieur et dirigé par des non-Congolais car les postes clés des Affaires étrangères, de la Sûreté nationale et de l’Armée sont aux mains de Tutsis d’origine rwandaise et ougandaise.
L’appui militaire de pays comme le Zimbabwe, la Namibie, l’Angola et le Tchad est acquis à Kabila, mais la guerre s’enlise sur tous les fronts et son issue reste douteuse.
Après sa rupture avec le Rwanda et l’Ouganda, en 1998, Kabila règne en autocrate : il prend plusieurs décisions autoritaires, nomme personnellement les députés, emprisonne les opposants politiques — notamment Étienne Tshisekedi, Zhaïdi Ngoma, Olengankoy — ainsi que plusieurs journalistes étrangers ou nationaux. Sur de son pouvoir, il abolit en 1999 l’AFDL qui l’a porté au pouvoir et crée le C.P.P. (Comité du pouvoir populaire).
Assassinat de Laurent-Désiré Kabila.
Alors qu’il se trouve isolé politiquement et diplomatiquement, Laurent-Désiré Kabila est abattu dans des circonstances non encore éclaircies, au début de l’après-midi du 16 janvier 2001, soit 40 ans jour pour jour après l’assassinat de Patrice Lumumba, dans sa résidence, le palais de Marbre, à Kinshasa. L’auteur de ce crime odieux n’est autre que le nommé Rashidi Mizele, un ancien enfant-soldat devenu membre de sa garde. Malheureusement pour lui, il est abattu sur place quelques instants plus tard par l’aide de camp Eddy Kapend.
Le jour de l’assassinat, une délégation iranienne attendait d’être reçue par le président Kabila, pour une tractation visant à fournir l’Iran en uranium provenant de la province congolaise du Katanga.
La justice congolaise, faute d’avoir réussi à arrêter les coupables, condamnera de façon ubuesque plus d’une centaine de prévenus, militaires et civils, dont quatre enfants-soldats, innocents pour la plupart, et dont une cinquantaine croupissent toujours dans la prison centrale de Makala à Kinshasa dans des conditions dégradantes. L’aide de camp et colonel Eddy Kapend, l’un des cousins de Kabila, considéré comme le chef de file, et vingt-cinq autres personnes seront condamnés à mort en janvier 2003 sans que la peine prononcée soit exécutée.
L’amour de la patrie a été palpable dans la personne de M’zée Laurent-désiré Kabila ; ses sacrifices ne peuvent pas être ignorés. A vrai dire, il a été le « soldat du peuple » par excellence. Quant à lui coller l’étiquette d’un démocrate, rien de semblable sur son parcours ni dans l’exercice de ses fonctions d’homme d’Etat. Qu’à cela ne tienne, M’Zée demeure une personnalité légendaire dans l’histoire de la RDC.
Mukuna Christian