Kolwezi: le transfert au Service National à Kanyama Kasese fait débat
La ville de Kolwezi est sous le choc. Le transfèrement au Service National n’a pas fait que des heureux. De nombreuses familles déplorent ainsi le transfert de leurs membres de famille. Car le but de l’opération est de transférer les jeunes désœuvrés et ceux à l’origine de l’insécurité dans la ville. Et c’est pour les affecter au Service National. Et de plus, faire d’eux des bâtisseurs de la République.
La population déplore la procédure. Parce que les arrestations dans certains cas étaient arbitraires. » Les jeunes sont arrêtés en cascade, même les non-délinquants », déplore Joseph Kamingo*, habitant de la ville de Kolwezi. « J’ai vu mon mari être embarqué dans le bus de Mulikap pour Kanyama« . Explique en pleurant Sandra Kaj une habitante de la Cité Manika. » Il n’est pas délinquant, il était arrêté le soir pendant qu’il revenait du boulot. Quelle est cette façon d’opérer. Je suis maintenant obligé de rester avec quatre enfants sans ressources et nous sommes locataires. Qui va s’occuper de ma famille ? Dit-elle encore avant d’expliquer qu’elle a assisté au départ de son mari au ministère de l’Intérieur du Lualaba.
Psychose dans la ville
Il faut dire que ces interpellations créées également la psychose. Depuis hier par exemple, il est difficile de croiser des jeunes, tous ont peur. Même constat fait le matin de jeudi 04 août sur plusieurs axes de la ville de Kolwezi. Car selon des habitants de cette ville, les critères pour déterminer les délinquants n’ont même pas été respectés. « Vieux, petits enfants, parents, sans aucune distinction, il suffit d’avoir des cheveux longs ou avec un pantalon, jeans déchiré pour être embarqué. Les jeunes sont devenus prudents des coins de la ville de Kolwezi comme aux alentours du rond-point Mwangeji, au niveau de la poste, sur les abris bus ou les stations des bus. C’est désormais même dans certains quartiers. La police ne contrôle plus et arête même les mineurs », explique la même source.
Autre chose que déplore la population, ce sont les nombreuses violations qui ont émaillé ces interpellations. Certaines sources parlent même de décès. Par exemple, cette famille à la cité Manika. Celle-ci parle de leur frère Henock Kahozi. Un trentenaire qui aurait perdu la vie dans les circonstances non encore élucidées. Pour sa famille, il aurait refusé d’être embarqué comme un délinquant par la police avant d’être assommé.
Ce jeudi matin par exemple, une mère est allée même vérifier à la morgue de l’hôpital Mwangeji. Elle voulait ainsi savoir si son fils se trouverait là. Les gardes à la morgue expliquent que depuis deux jours des familles se déplacent pour les mêmes raisons. « Nous leur disons d’aller au ministère de l’Intérieur en non ici », dit-il. Il faut dire que les réseaux sociaux ont également amplifié la psychose. Car dans une vidéo, une famille parle d’une cinquantaine de corps qui se trouveraient à la morgue. Pour certains, il s’agit là de la manipulation.
Un bien pour un mal
Toutefois, il faut dire que Kolwezi n’est pas le seul concerné. Kinshasa, Lubumbashi ou encore Mbuji ont vécu les mêmes événements. Dans certains coins, ces opérations se sont déroulées sans problème. Il faut néanmoins dire que les jeunes désœuvrés transférés bénéficient d’une formation. C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé la Gouverneure Ai Fifi Masuka. » Nous ne les envoyons pas en enfer. Mais plutôt au Service National pour leur bien-être. Ces jeunes vont aller étudier et revenir avec des connaissances nécessaires dont nous avons besoin pour moderniser la province », a-t-elle expliqué.
Pour ce premier lot, environ 200 personnes sont déjà arrivées à la destination. Et l’opération continue. Il faut néanmoins rappeler que Service National n’est pas une prison. Le DÉCRET-LOI 032 du 15 octobre 1997 portant création du Service national, en abrégé « S.N. » l’explique. L’article 3 dispose ; « Le Service national est un organe paramilitaire d’éducation, d’encadrement et de mobilisation des actions civiques et patriotiques en vue de la reconstruction de notre pays.«