RDC-énergie: quand les ambitions sont rattrapés par la réalité
La République démocratique du Congo se veut un pays solution face au changement climatique. Et ceci passe par la préservation de ses forêts. Pour y parvenir, la RDC doit financer le secteur d’énergie. Car le manque d’électricité accroît la demande en charbon de bois et en bois de chauffage. Mais malheureusement, ce secteur fait face à de nombreux défis. C’est par exemple sa dépendance des financements extérieurs.
Effectivement, le budget du secteur de l’électricité repose sur les financements extérieurs. Le budget de ces 10 dernières années le prouve. Entre 2013 et 2022, par exemple. Le budget prévisionnel du secteur de l’électricité est basé sur les financements extérieurs. Par exemple, en 2020, les prévisions sur les apports extérieurs ont atteint 90 % du budget général du secteur. Alors que celles des apports internes n’ont été que de 1% du budget.
Peu d’apports extérieurs
Si les prévisions du secteur sont basées sur les investissements extérieurs, il y a peu de dotations. L’exécution du budget le démontre clairement. À titre illustratif, le taux d’exécution des apports extérieurs en 2020 a été de 3 % et en 2022 de 0 %. . Car au cours de cette année, il n’y a eu aucun investissement dans ce domaine. Le taux moyen d’exécution de cette prévision n’a été que de 12,2 % entre 2013 et 2022.
Pourquoi les dotations extérieurs du secteurs ne sont pas à la hauteur des prévisions? Dans un rapport d’Ébuteli, l’institut des recherches du Groupe d’étude sur le Congo publié le 9 juillet dernier portant sur le fonctionnement du Fonds national pour la réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts (Fonaredd) qui met aussi en place des programmes de consommation durable d’énergie, cette institution épingle la méfiance qui existe entre le gouvernement et les bailleurs des fonds. Il évoque également la corruption qui mine beaucoup des secteurs en RDC. Ceci peut être une raison de peu d’investissement dans le secteur de l’énergie.
Duc Mbuyi est activiste des mouvements citoyens. Il pense pour sa part que le mauvais climat des affaires peut être à la base. « L’État doit assainir le climat des affaires. Car il y a beaucoup de tracasseries pour les investisseurs . Et la corruption qui mine les affaires en RDC », dit-il.
Moins d’apports propres
Le secteur de l’énergie est moins financé même lorsqu’il s’agit d’investissements propres. Car le pays peine encore à y mettre les moyens nécessaires. La part des financements propres reste infime et ne dépasse jamais 20 % du budget alloué à ce secteur. En 2020, il n’était que de 1 % sur les prévisions du secteur. De plus, son taux d’exécution n’a jamais atteint 50 % des prévisions.
Freddy Kasongo, secrétaire exécutif de l’Observation d’Etude et d’Appui à la Responsabilité Sociétale et Environnementale (OAERSE), déplore cette situation. « On a l’impression que ces acteurs politiques oublient que l’électricité est un élément clé pour réussir toute politique de développement d’un État. » On commence déjà par des prévisions qui sont relativement faibles et lorsque nous regardons à la fin de l’exercice, nous nous rendons compte qu’on n’a même pas exécuté les prévisions. Conséquence, c’est qu’il n’y a pas d’investissements lourds dans le secteur de l’électricité depuis plusieurs années qui sont venus du gouvernement », fustige t-il. Ainsi, au cours de ces 10 années, le budget du secteur n’a été en moyenne que de 0,91% sur le budget général.
Cette situation ne permet pas la mise en place des projets d’électrification de grande envergure. En conséquence la population n’a pas accès à l’électricité. Seul 10 % de la population a accès à l’électricité en RDC. Ce qui va à l’encontre de la constitution de la RDC qui consacre l’électricité en son article 48 comme un droit. Et pourtant, la RDC dispose d’énormes potentialités en termes d’énergie. Par exemple, le fleuve Congo à lui seul dispose de 100 000 MGW selon les estimations.