Le budget des investissements 2025 : une coquille vide !
En RDC, la mouture de la Loi des Finances de 2025 a majoré les crédits pour les investissements de 18 %. Toutefois, les fonds prévus pour cette rubrique ne seront pas financés dans leur totalité par le Gouvernement congolais. Selon les données du Ministère du Budget, les apports en ressources propres sont évalués à 13%. Ce qui risque de poser un sérieux problème dans la réalisation des infrastructures prévues. De plus, cela augmente la dette extérieure du pays.
En effet, le budget 2025 indique sous la rubrique investissements quatre volets. Il s’agit des investissements extérieurs, des ressources propres, du contrat chinois et des investissements des provinces et des entités territoriales décentralisées. Concernant les investissements sur des crédits extérieurs, ils sont à hauteur de plus de 12 milliards $. Quant aux investissements en ressources propres, ils sont estimés à 2 milliards de dollars américains. Ce qui ne représente que 13 %. Les apports du contrat chinois sont de près d’un milliard contre trois milliards pour les investissements des provinces et des entités territoriales décentralisées.
Il faut dire que le scénario est le même pour l’année en cours. Tenez, les crédits alloués aux investissements dans le budget pour l’année 2024 sont de plus de 15 milliards. Et les apports externes sont de plus de 70 %. Alors les investissements des ressources propres sont de moins de 10 %. Cette situation ne permet pas d’atteindre la réalisation des infrastructures telle que prévue dans le budget.
Difficile d’atteindre les objectifs
Ce que pense Christelle Nsimba, chargée des communications du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFELD). « Les investissements sur ressources extérieures sont essentiellement constitués des emprunts et des dons. Parfois, les donateurs définissent en amont les besoins que ces fonds peuvent couvrir », explique-t-elle. Elle explique également que cette manière de faire est très dangereuse. Car elle augmente la dette extérieure du pays. Mais de plus, cela favorise les détournements. « Et la conséquence serait de ne voir aucun résultat en termes d’infrastructures de qualité », dit-elle encore.
Effectivement, c’est ce qui arrive cette année. Parce que les crédits votés en 2024 n’ont jamais été financés. Par exemple, jusqu’au mois d’aout dernier, l’exécution des crédits des infrastructures votés en 2024 n’a même pas atteint 5 % de réalisation. Puisque, sur les 15 milliards prévus pour les investissements, seuls 500 millions de CDF ont été financés.
Pour pallier cette situation, la chargée des communications de CREFELD pense que le gouvernement doit basculer vers le budget Programme. « Ainsi, ce basculement permettra au ministre des Infrastructures de gérer lui-même les fonds de son secteur », dit-elle. Elle estime que l’avantage avec le budget programme, c’est qu’à la fin d’un projet initié, le ministre sectoriel doit présenter les résultats obtenus par rapport aux fonds utilisés. Sinon, les crédits votés resteront comme une coquille vide.