»Ne touches pas à mon cobalt »: La RDC doit avoir le contrôle du marché

 »Ne touches pas à mon cobalt »: La RDC doit avoir le contrôle du marché

La RDC détient détient 70 % des réserves mondiales du cobalt. Avec ces potentialités, le pays doit avoir le contrôle du marché de ce minerai. Ainsi, face à la chute drastique du prix de la tonne sur le marché, le pays a suspendu ses exportations. La coalition  » Ne touches pas à mon cobalt » estime que cette décision est légitime. Une mesure que soutient aussi l’association CASMIA, basée à Kolwezi. 

Depuis 7 ans, des journalistes Congolais travaillant sur des questions des ressources naturelles mènent la campagne  » Ne touches pas à mon cobalt ». En effet, cette campagne vise la protection du cobalt par une lutte contre son indexation et sa diabolisation.

 » Nous disons que le cobalt de la RDC doit être protégé en tant que minerai stratégique  tel que désigné ainsi après la ré-visitation du Code minier. C’est une substance très critique, très stratégique  pour le monde entier.  Il fait partie des minerais critiques avec le cuivre, le tantale, le coltan(…) , declare Franck Fwamba, journaliste et directeur de cette campagne

Il rappelle que du temps de Mobutu, le Zaïre ainsi que la Zambie avaient le contrôle des exportations de cobalt. Ces deux pays africains font parties des grands producteurs de ce minerai.  » Et c’est ce que nous avons toujours voulu. Nous avons souvent demandé que la RDC travaille avec la Zambie pour qu’elles aient le contrôle du marché du cobalt, dit-il

De son coté, l’association CASMIA indique que la décision de suspendre les exportations  est courageuse.  »Elle relève de la souveraineté de la RDC sur ses ressources naturelles ».  En outre, CASMIA espère voir  »la valorisation du cobalt sur le marché international. Ce qui pourrait être profitable à la RDC ».

Des pertes pour la RDC

Par ailleurs, le coup de Gueule de la coalition des journalistes s’explique par la surabondance du cobalt sur le marché international. Les exportations échappent au contrôle de la  RDC. De ce fait, le pays subit de plein fouet les conséquences de la surproduction.  Et les pertes se situent à trois niveaux, indique encore Franck Fwamba

Premièrement, la RDC perd en réserve. Les réserves sont en train de diminuer. Par contre, on  augmente les stocks en Chine. Deuxièmement, la surproduction fait que les prix baissent sur le marché. Et quand les prix baissent, la RDC perd. Le pays ne peut percevoir la taxe de super profit qui est prélevé sur la vente du cobalt. Et troisièmement,  la RDC perd, parce que ce n’est pas du cobalt métal qui est exporté par tous ses Chinois.  Ce sont des concentrés de cobalt .  Ils vont chez eux, ils ont des raffineries, ils produisent.

Cet acteur rappelle que selon le rapport de l’agence des nations Unies pour le commerce et le développement, c’est la Chine qui  est productrice du cobalt, et non la RDC. Pourtant, dit-il encore, il y a des décennies, la Gécamines  produisait  à Kolwezi du cobalt raffiné.

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Plafonner les exportations

L’une des solutions que propose les acteurs de la société civile et certains experts est de plafonner les exportations du cobalt. En effet, le gouvernement Congolais a tenté en février 2024 d’examiner cette possibilité. Mais celle-ci ne s’est pas concrétisée. Et les acteurs de la campagne Ne touches pas à mon cobalt insistent sur cette option.

 » On doit maintenant monter la stratégie pour bien contrôler le cobalt, afin d’en bénéficier. Ce mécanisme devrait également inclure la ZambieOn doit plafonner la production et  les exportations  pour bien contrôler les prix sur les marchés mondiaux », soutient Franck Fwamba.

Une position que défend aussi le sénateur Michel Kanyimbu. Lors de l’analyse au sénat de la loi des finances 2025, il était un peu plus précis.  » Si nous ramenons à 80.000 tonnes , le quota que nous exportons par an, nous allons tripler le cout sur le marché. Ainsi, rien qu’avec les produits cobaltifère, nous allons récupérer au moins un milliard de dollars. »

Raffiner en RDC

En plus de limiter les exportations, le sénateur Michel Kanyimbu avait également évoquer la transformation locale.  »Les chinois prennent des concentrés de cobalt chez nous. Ensuite, ils en font leur matière première chez eux.’

De son coté, Ne Touches pas à mon cobalt  rappelle qu’il y a déjà eu des raffineries en RDC et au Katanga. La raison du déficit de l’électricité  qu’avancent les miniers est un faux débat, dit-elle. D’autres société par contre comme  Kibali Gold Mines, au Nord-Kivu a contourné cette difficulté. Elle a monté ses centrales sur des rivières pour alimenter sa production.

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 »On doit raffiner sur place le cobalt, comme la Gécamines le faisait », soutient Franck Fwamba. Ce qui va redonner à la RDC le pouvoir de contrôle sur le commerce de ce minerai nécessaire pour la transition énergétique.