Lubumbashi : 67% des décès proviennent des postes de secours et des pharmacies

De plus en plus visible dans les quartiers périphériques de Lubumbashi, les postes de secours sont au centre des inquiétudes quant à la sécurité sanitaire de la population. Bien qu’utiles, ces structures privées ne sont pas reconnues par l’Etat. Ce sont plutôt les postes de santé qui ont un statut officiel. Ces derniers jouent un rôle essentiel dans l’accès aux soins médicaux. Ils servent de points de relais vers des établissements sanitaires mieux équipés.
En effet, un poste de santé est une structure sanitaire qui figure dans l’organigramme de l’État. C’est un endroit où l’on donne des soins médicaux élémentaires ou soins de passage. De plus, il sert d’orientation vers une structure appropriée. Cependant, à Lubumbashi, ces petites structures sanitaires sont souvent confondues à des postes de secours. Et pourtant les postes de secours sont des initiatives privées et ne respectent souvent pas les normes sanitaires. Par exemple, il leur est interdit de prendre en charge des cas complexes. Chose que la plupart des médecins et infirmiers qui tiennent ces postes ne respectent pas.
Risque
À l’inspection provinciale de la santé, cet état de choses inquiète le docteur Henry Kamengele. Ce médecin chef de bureau de l’inspection médico- technique déplore les réalités sur le terrain.
« Les postes de secours ne sont pas reconnus, déclare t-il. « L’inspection sanitaire reconnaît plutôt les postes de santé. Ils sont là, pour permettre aux malades d’atteindre les structures sanitaires qui ont les moyens appropriés de prise en charge, » nous dit-il encore. De plus précise le médecin, « un poste de santé n’est pas un dispensaire. S’il y a un cas de choléra par exemple, ont-ils les moyens nécessaires pour maîtriser la situation ? s’interroge t-il. « Les germes du choléra sont des germes à haut potentiel épidémique. Ce genre d’endroit donne lieu à l’expansion de ces épidémies-là. »
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Défi
À l’heure qu’il est, dans la ville de Lubumbashi, l’inspection provinciale de santé a du pain sur la planche. Les postes de secours ainsi que les postes de santé prennent de plus en plus la place des centres de santé. Et plusieurs dizaines de personnes y font recours plutôt que de se rendre dans une formation médicale. Parmi les raisons, certains patients indiquent que les coûts des soins médicaux y sont souvent faibles, d’autres évoquent la distance qui les sépare d’un hôpital.
Mais le risque de complication des maladies et même de décès est très élevé dans ces petites structures privées., indique le Docteur Henry Kamengele.
» Nous avons un problèmes majeurs, » déclare t-il. « Aujourd’hui, plus de 67 % des décès à Lubumbashi sont liés à des soins inappropriés. La majorité de cas débutent dans des postes de secours et des pharmacies. L’automédication et la vente de médicaments par des personnes non qualifiées exacerbent cette crise, » nous dit-il encore.
De ce fait, l’inspection sanitaire du Haut Katanga envisage d’assainir le secteur en supprimant les postes de secours. » Les autorités de la santé, notamment l’inspection provinciale, intensifient leur lutte contre ces pratiques dangereuses. Des mesures strictes sont arrêtées pour sceller ces structures qui fournissent des soins inappropriés. L’objectif est clair : protéger la santé des individus contre des soins délivrés par des non-professionnels », a déclaré docteur Henry.
Enfin, l’ouverture d’un poste de santé doit suivre des procédures réglementaires strictes, rappelle l’inspection de la santé. Le but est garantir que chaque établissement respecte des normes précises.