RDC -cobalt : entre suspension des exportations et nécessité de réformes

LaRépublique démocratique du Congo (RDC) a instauré en février 2025 une suspension temporaire des exportations du cobalt, ce minerai stratégique. Cette mesure vise à enrayer la chute des prix. Toutefois, elle soulève des questions sur son efficacité à long terme. Car les prix risquent de s’effondrer dès la levée de la mesure. Pour pallier cette situation, Ressource Matters, dans son dernier rapport, propose des réformes structurelles.
La surproduction de cobalt, conjuguée à une demande en baisse, a entraîné un effondrement des prix de 75 % entre 2022 et 2024. En 2022 par exemple, le cobalt se négociait à 82 000$ la tonne. Alors qu’en 2024, les prix ont atteint le plus bas niveau. Ce minerai stratégique s’est négocié à 21 000 USD la tonne.
Face à cette crise, le gouvernement congolais a opté pour une interdiction d’exportation pendant quatre mois. Cette mesure a eu quelques effets. À ce jour, le prix du cobalt a quelque peu augmenté. La tonne se négocie à 33 547 USD. « Cette mesure était urgente pour éviter une saturation immédiate du marché », explique Jimmy Munguriek, directeur pays de Ressource Matters. Car, la baisse du prix sur le marché influe également sur les recettes fiscales et non fiscales. C’est le cas de la redevance minière. En 2022 par exemple, la RDC a perçu 715 millions $ de redevances minières contre 409 millions en 2023.
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Des réformes
Si la mesure de suspension des exportations du cobalt a été quelque peu salutaire, elle ne constitue pas une solution. « Mais sans des réformes plus profondes, les prix risquent de s’effondrer à nouveau dès la levée de la suspension« , insiste encore Jimmy Munguriek. Le rapport de Resources Matters souligne en effet que les stocks accumulés par les entreprises minières pourraient inonder le marché post-suspension.
Voilà pourquoi Ressource Matters insiste sur la nécessité d’une approche multidimensionnelle. Premièrement, il faut définir des objectifs clairs . celles-ci doivent aller au delà de la stabilisation des prix. Deuxièmement, établir un système de quotas d’exportation transparents. « La RDC doit s’inspirer de l’Indonésie en fixant des quotas basés sur des critères clairs, comme la capacité de production ou les engagements de transformation locale. » Le rapport propose également la création des alliances comme par exemple « cartel du cobalt ». Ceci dans le but de renforcer le pouvoir de négociation face aux acheteurs internationaux, notamment la Chine.
Pour Ressource Matters, la clé réside dans une vision à long terme : « La RDC doit passer d’un rôle de fournisseur de matières premières à celui d’acteur stratégique dans la chaîne de valeur. » Cela passe par des réformes structurelles, une gouvernance transparente et des partenariats internationaux.
Le rapport de Resource Matters appelle aussi à une régulation rigoureuse, combinant quotas, transformation locale et renforcement des capacités de l’État.