RDC: Le FONER enregistre un déficit de 870 millions $ par an

Le fond national pour l’entretien routier, FONER a besoin chaque année d’au moins 950 millions de dollars pour entretenir le réseau routier sur l’ensemble de la RDC. Mais selon son directeur général, Pierre Bundoki, cet organisme public n’encaisse que 156 millions de dollars l’an. Ce qui représente un déficit de 870 millions de dollars. Le directeur général du FONER a fait cette révélation au cours du dernier salon de développement des villes et des corridors tenu à Lubumbashi il y a une semaine.
Le directeur du FONER, Pierre Bundoki, pointe du doigt la fraude. Ce qui ne permet pas à son organisme de collecter les recettes. En effet, 95 % des recettes du FONER proviennent de la redevance sur la mise en consommation des produits pétroliers. Les autres 5 % sont issus, entre autres, du péage sur des routes non concédées. Or, indique le directeur général, son organisme peine à mobiliser les recettes notamment à la frontière. Pourtant, souligne-t-il, le FONER est l’organisme en charge de la mobilisation des ressources financières pour l’entretien des infrastructures routières.
« Il y a une forte évasion des recettes du FONER. » Le premier niveau de la fraude se manifeste lorsque certaines quantités de produits pétroliers n’arrivent pas dans les entrepôts. « Or, s’ils n’arrivent pas dans les entrepôts, on ne peut pas percevoir la redevance.» Et de poursuivre : « Le deuxième niveau de la fraude se situe au moment de la sortie des entrepôts : tout n’est pas renseigné. » Ainsi, vous avez des situations telles que certains entrepôts ont un stock théorique supérieur à leur capacité de stockage, »déplore le directeur Pierre Bundoki ».
Manque à gagner
95 % du réseau routier en mauvais état
À ce jour, la RDC a un réseau routier de 156 000 km, rappelle le directeur Pierre Bundoki. »Il est à 95 % en mauvais état », soutient le directeur. C’est le cas, par exemple, de la route Kolwezi vers Dilolo à la frontière avec l’Angola, longue de 440 km. Les transporteurs de cet axe ont retiré leurs camions à cause du mauvais état de la route. « Pour s’engager sur cette route, il faut avoir des nerfs solides. » « Vous savez quand vous quittez, mais vous ne savez pas quand vous arrivez », déclare Donat Tshimboj, un des transporteurs. Et d’ajouter : »Pour parcourir les 440 km, vous pouvez faire 15jours, voire un mois. » En outre, les véhicules se renversent avec leurs marchandises et les pertes sont énormes. Il ajoute que les agents chargés d’entretien de la route s’occupent plutôt de tirer les véhicules qui s’embourbent moyennant des frais.
Il faut noter que le réseau routier est géré par deux ministères. D’abord, le ministère des Travaux publics. Il est appuyé par l’office des routes qui gère 56 000 km des routes nationales et provinciales. 3 000 km seulement de ce réseausont bitumés, indique encore le FONER. Et puis, l’office de voirie et de drainage. Il est »chargé d’un réseau de 11 000 km de voirie urbaine dont seulement 1 000 km sontasphaltés. » Ensuite, le ministère du Développement ruralintervient sur les routes de dessertes agricoles qui représentent 87 000 km. Ici, assure le directeur du FONER, le zéro kilomètre n’est pas revêtu.
Des réformes ?
Face aux défis de la collecte de fonds, le FONER a suggéré certaines solutions.C’est par exemple la modification des méthodes de recouvrement. Au lieu de collecter la redevance sur la consommation des produits pétroliers, il propose qu’elle soit faite à l’embarquement ou à l’importation .De plus, le responsable de cette entité souhaite qu’elle soit déployée à la frontière. Cela lui donnera la capacité de lutter contre la fraude.
Enfin, le Foner propose une autre réforme portant sur sa mission. Il voudrait qu’au-delà de l’entretien, il ait aussi pour mission la réhabilitation des routes.