Lubumbashi: deux maires intérimaires pour une ville

Lubumbashi: deux maires intérimaires pour une ville

La ville de Lubumbashi, capitale économique de la République démocratique du Congo, est actuellement le théâtre d’une situation inédite et confuse.  Deux maires intérimaires s’affrontent pour la gestion de la ville.  Il s’agit de Joyce Tunda, l’adjointe au maire, et de Patrick Kafwimbi, l’actuel maire intérimaire nommé par le ministère de l’Intérieur.  Plusieurs acteurs de la société civile appellent à une règlementation de ce conflit en vue de préserver la paix.

En effet, depuis le mois de mai 2024, Joyce Tunda, l’adjointe au maire de la ville de Lubumbashi, a assumé l’intérim de son titulaire élu vice-gouverneur de la province du Haut-Katanga.  Le 27 fevrier 2025, le ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani signe un arreté nommant Patrick Kafwimbi comme maire intérimaire de la ville de Lubumbashi.  Joyce Tunda porte l’affaire au Conseil d’État.  Le 18 juillet dernier, le Conseil d’État rend sa décision.  Il rétablit cette dernière aux fonctions de maire intérimaire. Une situation confuse qui suscite diverses réactions tant dans la communauté qu’au sein de la société civile.

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Deux autorités, une même ville

Alors que Joyce Tunda se réjouit de la décision du Conseil d’État qui l’a rétabli dans ses fonctions, Patrick Kafwimbi continue à travailler comme maire intérimaire.  Ce lundi matin par exemple, il a été à son cabinet de travail où il a reçu les honneurs dus à son rang.  Pourtant , le Conseil d’etat a axigé l’execution immediate de cette decision. Ce qui soulève une question sur la légalité des actes qu’il posera à dater de ce jour.

Cette situation inquiète.  Déjà, la jeunesse sympia (une association socioculturelle qui reinit les ressortissants de six territoires de la provinces du haut- Katanga) est montée au créneau.  Dans un communiqué, elle exige la révision de la décision du Conseil d’État réhabilitant Joyce Tunda comme maire intérimaire.  Pour elle, cette décision met en mal le vivre-ensemble dans la province du Haut-Katanga.

Cette situation n’inquiète pas seulement la jeunesse SYMPIA . Certains  acteurs de la société civile ne comprennent pas non plus cette décision du Conseil d’État.  C’est le cas de Guilain Kalwa.  Il est coordonnateur du cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga. « Cette situation nous étonne tous« , dit-il. « C‘est la hiérarchie qui a nommé Patrick Kafwimbi comme maire intérimaire.  Joyce Tunda a été nommée l’adjointe au maire. Si son titulaire part, cela ne garantit pas qu’elle jouera l’intérim indéfiniment« , dit encore cet acteur de la société civile.  Pour lui, les autorités doivent privilégier la paix.

Violation des textes ?

En effet, pour certains acteurs, la nomination de Patrick Kafwimbi a violé les textes et lois de la République.  C’est le cas de la loi sur la décentralisation.  L’article 35 indique qu’en cas d’absence du maire titulaire, c’est son adjoint qui assume l’intérim.  C’est également ce que pense Jean-Paul Shishimbi, un autre acteur de la société civile.  « Il y a eu une erreur administrative de la part du ministre de l’Intérieur. Martin Kazembe et Joyce Tunda ont été nommés par ordonnance présidentielle.  En l’absence du titulaire, c’est , elle qui devait assumer l’intérim en attendant la signature d’une nouvelle ordonnance présidentielle », explique pour sa part cet acteur de la société civile.  « Un arreté ministériel ne peut pas abroger une ordonnance présidentielle, indique-t-il encore.  Il regrette par ailleurs le fait que cette situation risque de créer un désordre et des tensions à la tête de l’administration urbaine et dans la ville.

En attendant la clarification de cette situation, la  Mairie de Lubumbashi est à l’heure actuelle, comme un monstre à deux têtes, avec ses deux maires intérimaires.