RDC – Suspension des exportations du cobalt : des résultats mitigés ?

Le 21 juin 2025, l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques a prolongé de trois mois la suspension des exportations du cobalt. Cette suspension a été prolongée après une suspension qui a duré quatre mois. Selon le Cobalt Institute, les effets sur le marché restent mitigés. Ainsi, pour les experts, la RDC doit repenser sa stratégie.
Effectivement, cette décision a favorisé initialement la reprise des prix. D’après le site Trading Economics, le 21 février 2025, le prix d’une tonne de cobalt était de 21 550 USD. Le 20 mars de l’année en cours, le coût du cobalt s’élevait à 36 000 USD. Cela représente une augmentation de 67 %.
Cependant, cette amélioration n’a été que de courte durée. Selon les informations provenant du site Trading Economics, il a été observé une nouvelle baisse des prix qui se sont ensuite stabilisés à 33 335 USD. « Le marché a réagi de manière mitigée à l’interdiction d’exportation en RDC« , indique Cobalt Institute dans son rapport du deuxième trimestre de 2025 sur le cobalt.
Durant le second trimestre de 2025, alors que le prix du cobalt métal a augmenté de 1763 USD la tonne, ce n’est pas le cas pour le dioxyde de cobalt. D’après Cobalt Institute, son coût a chuté de 1102 sur le marché. Cela soulève des questions sur l’efficacité des actions mises en œuvre par la RDC.
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Efficiente, la suspension de cobalt ?
Si la RDC a permis une hausse du prix, les stocks mondiaux demeurent très élevés. Ces stocks peuvent de répondre à la demande pendant une durée variant de 8 à 10 mois, atténuant ainsi l’effet de la pénurie prévue par la RDC. Par ailleurs, les dangers d’une reprise soudaine du marché à la fin de l’interdiction, conjugués aux avancées technologiques et à l’apparition de nouveaux concurrents, font des mois à venir une période cruciale.
Néanmoins, il y a une bonne nouvelle. Le 15 juillet dernier, la Chine a imposé des restrictions à l’exportation des technologies de production des cathodes LFP (lithium-fer et phosphates) et LMFP (lithium manganèse fer phosphate). Ce qui pourrait booster la demande de batteries NCM (nickel-cobalt-manganèse) et notamment du cobalt.
Pendant ce temps, le pays comme l’Indonésie, grâce à sa production, prend de plus en plus de place. De plus, il profite de l’embellie. Ce pays n’a pas suspendu ses exportations.
Aller plus loin
Les effets de la suspension ont été immédiats, mais les stocks s’accumulent. Pour sa part, Leonide Mupepe, expert en question minière, pense qu’il faut d’autres stratégies. « Il y a des pistes de solutions par rapport à ça, par exemple (l’État peut) racheter ces stocks », dit-il.
Pour lui, si l’État congolais s’en approprie, ces stocks ne seront pas disponibles. « À ce moment-là, ils sauront que la pénurie sur le marché pourrait durer longtemps. Et en ce moment-là, les prix vont de nouveau remonter », explique encore cet expert. Et de conclure : « Je pense que c’est par rapport à ça qu’il faut trouver des mesures qui vont plus loin que la simple suspension. »
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D’autres acteurs comme Ressources Matters, une ONG spécialisée dans les mines, ou encore Comprendre et agir dans le secteur minier industriel et artisanal (CASMIA) proposent d’instaurer un quota lors des importations.