Lualaba: plus 800 cultivateurs victimes de l’expropriation

Lualaba: plus 800 cultivateurs victimes de l’expropriation

Une nouvelle vague d’expropriation secoue la zone de Kampemba, dans le secteur de Luilu, village Kipepa, en province du Lualaba. Plus de 800 cultivateurs se retrouvent brutalement sans champs ni jardins, alerte l’Initiative pour la protection des droits de l’homme et la réinsertion sociale (IPDHOR).

Dans un communiqué publié le 22 octobre 2025, cette organisation de défense des droits humains tire la sonnette d’alarme. Elle interpelle le chef de l’État face à une situation qu’elle qualifie de violation flagrante des droits fondamentaux.

Des champs confisqués au nom du gouvernement ?

Selon l’IPDHOR, tout a commencé il y a environ trois semaines. Des individus se présentant comme mandatés par le gouvernement ont fait irruption dans les champs situés le long du fleuve Lualaba. Ces derniers ont affirmé être chargés d’un projet d’identification des cultivateurs.

Ils auraient ensuite informé les paysans que les terrains étaient désormais réquisitionnés par l’État. Une promesse d’indemnisation leur aurait été faite. Cependant aucun montant ni délai de paiement ne leur a été communiqué. Mais à la grande surprise des cultivateurs, quelques jours plus tard, les mêmes personnes sont revenues accompagnées d’engins lourds, détruisant les cultures sans qu’aucune compensation ne soit versée.

« Le gouvernement nous a pris nos champs par la force. Comment allons-nous vivre avec nos enfants ? », déplore Papy, l’un des paysans dépossédés. « On devait d’abord nous indemniser pour nous permettre d’acheter d’autres terrains. Aujourd’hui, nous n’avons plus rien. Nous demandons l’aide des autorités. »

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Des vies brisées, une colère qui monte

Pour François Mulunda, autre victime de cette expropriation, cette situation illustre le manque de considération envers le monde agricole. « Les autorités ne nous encouragent pas. Trouver un emploi ici nécessite des relations. Moi, je vis de mon champ, c’est tout ce que j’ai. Aujourd’hui, on m’en prive. À mon âge, où vais-je aller ? », s’interroge-t-il, excédé.

Les champs détruits étaient consacrés à la culture vivrière, notamment le maïs, le manioc et la patate douce, des denrées essentielles à la sécurité alimentaire locale. L’IPDHOR redoute que cette opération n’entraîne une aggravation de la pauvreté et de la faim dans la région, déjà marquée par une précarité croissante.

Une expropriation sans base légale

L’enquête menée par l’IPDHOR révèle qu’aucun arrêté officiel d’expropriation pour cause d’intérêt public n’a été publié. L’organisation dénonce un acte arbitraire, contraire aux lois congolaises et aux engagements internationaux de la RDC en matière de droits humains. « Ces pratiques illégales violent le droit à la propriété et menacent la stabilité sociale », s’indigne l’IPDHOR. « Elles risquent d’alimenter la faim, la pauvreté et les tensions dans le Lualaba. »

Un appel à la responsabilité

Face à cette situation, l’IPDHOR appelle le gouvernement central à intervenir sans délai pour réparer les préjudices subis et mettre fin aux expropriations abusives. Elle demande également la mise en place d’une commission indépendante afin de faire la lumière sur cette affaire et de garantir une indemnisation équitable aux familles affectées.

Nous avons contacté le ministre provincial des Affaires foncières de la province du Lualaba, il a promis de répondre incessamment aux préoccupations de ces agriculteurs expropriés.