Lubumbashi-pollution CDM : les premières mesures tombent!
Deux jours après le déversement des eaux du bassin de retenue de l’entreprise Congo Dofang Mining (CDM), et la pollution qui s’en est suivie, les premières mesures viennent de tomber. Le ministre des Mines, Louis Watum, suspend pour trois mois toutes les activités de cette entreprise. Cette décision fait suite à la rupture du bassin de rétention de l’entreprise, survenue le mardi 4 novembre dernier à Lubumbashi.
En plus de la suspension, le ministre impose la prise en charge des salaires des travailleurs de CDM. « Cette société sera tenue de payer tous les dégâts environnementaux. Cette société sera tenue de compenser toutes les communautés qui ont été impactées », a-t-il expliqué. Le ministre promet également d’autres pénalités selon la loi.
L’incident a engendré une fuite d’eau contaminée dans les quartiers de Kasapa et Kamatete, inondant un nombre important de maisons et, d’après certains témoignages, polluant même la rivière Lubumbashi.
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Que dit la législation congolaise ?
La législation congolaise est sans équivoque : celui qui pollue doit être tenu responsable financièrement. Selon l’article 285 du Code minier, c’est au détenteur d’un droit minier qu’incombe la responsabilité de tous les préjudices infligés à l’environnement. Ainsi, cette société est tenue de réparer les dommages et compenser les victimes. Le principe du “pollueur-payeur”, reconnu par l’OCDE, s’applique ici. « CDM doit assumer ses responsabilités. Elle doit financer la restauration du site et compenser les ménages touchés« , explique Omer Kabasele, expert en environnement.
La loi sur la protection de l’environnement renforce ce principe. Son article 84 prévoit des sanctions sévères : le contrevenant doit restaurer les sites pollués et peut se voir interdire l’usage de ses installations jusqu’à réparation complète. En cas de refus, les travaux sont exécutés d’office, aux frais de l’entreprise fautive. L’article 77 prévoit même des peines de prison et des amendes.
Des réparations et des analyses attendues
Pour Omer Kabasele, la priorité est claire : analyser les eaux déversées. « Les services techniques doivent déterminer la composition chimique de ces eaux et mesurer leur acidité », recommande-t-il. Ces analyses permettront de mesurer l’ampleur réelle de la pollution et de guider les réparations.
En revanche, l’expert déplore aussi le manque de rigueur de certaines entreprises minières. « CDM ne respecte pas toujours les études d’impacts environnementaux et sociaux. C’est une faute grave« , souligne-t-il. Il explique par ailleurs que ce n’est pas la première fois que CDM pollue ainsi le sol et les rivières.
La mairie prend des mesures d’urgence
Pendant ce temps, la mairie de Lubumbashi a activé un plan d’urgence. Des équipes d’experts sont sur place pour sécuriser la zone et évaluer les dégâts. Le maire par intérim, Patrick Kafwimbi Mumamba, appelle la population au calme et à la vigilance. Il recommande aux habitants de Kasapa et Kamatete de ne pas consommer l’eau des sources touchées. Ces populations doivent aussi éviter tout contact direct avec l’eau contaminée et signaler tout symptôme inhabituel.
La population, quant à elle, attend désormais des actes concrets. Parce que cette situation perdure depuis 2017. Entre la sanction du ministre, les obligations légales et les mesures locales, l’heure est à la responsabilité.

