Haut-Katanga : l’avortement sécurisé réalisé dans 15 % d’aires de santé

 Haut-Katanga : l’avortement sécurisé réalisé dans 15 % d’aires de santé

Sept ans après la ratification du protocole de Maputo par le gouvernement congolais, seulement 70 aires de santé sur 450 que compte la province du Haut-Katanga ont intégré les soins d’avortement complet ou avortement sécurisé. Cette situation découle de nombreux défis auxquels la province doit faire face en matière de santé reproductive. 

Selon Dominique Katshabala, coordinateur du programme national de santé reproductive, un avortement sécurisé est celui qui est réalisé par du personnel qualifié en utilisant une technique préconisée par l’OMS. Il doit s’effectuer dans un environnement approprié. Cependant, dans la province du Haut-Katanga, 85 % d’aires de santé ne disposent pas de tous ces éléments.

Pourtant, depuis 2018, le pays a ratifié la loi sur la santé ou le protocole de Maputo. Cette loi a dépénalisé l’avortement sous un certain nombre de conditions. C’est particulièrement le cas en situation d’inceste, de viol, d’agression sexuelle, ou encore lorsque la grossesse représente un risque pour la santé de la femme.

En 2020, le ministère de la Santé adhère au protocole et élabore les normes et directives par rapport aux soins complets de l’avortement. Cette norme met en évidence trois éléments principaux. Il s’agit principalement du choix, de l’accessibilité et de la qualité des services.

Même si cette norme et ses principes sont d’application en RDC, dans la province elle n’est pas effective. Dominique Katshabala rapporte par exemple que son service est dans moins de 60 aires de santé, sur un total de 450 aires de santé dans le Haut-Katanga. Et que c’est moins de 70 aires de santé qui ont intégré les soins d’avortement complet. « Le besoin est encore grand », a-t-il lâché.

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Les raisons

D’après le Bureau de référence sur la population (BRP), plusieurs facteurs contribuent à cette situation. Il s’agit du faible nombre de structures pratiquant l’avortement sécurisé en RDC. De plus, d’après ce bureau, un grand nombre de prestataires de soins de santé ne sont pas formés. De nombreuses structures ont également un accès restreint aux équipements et aux traitements médicaux.

L’organisation évoque également la contrainte juridique sévère. Parce que l’avortement est interdit par la loi en RDC. Par exemple, le Code pénal prévoit des sanctions. Outre tout cela, on note également des difficultés dans l’application du Protocole de Maputo.

D’après le gynécologue Charles Mukendi, les éléments cités plus tôt favorisent la pratique des avortements illégaux à Lubumbashi. De plus, le personnel médical qui réalise ces avortements non sécurisés utilise des méthodes interdites telles que le curetage. Ces interruptions de grossesse illégales conduisent fréquemment à des complications.  Charles Mukendi pense qu’il est nécessaire de continuer à éduquer le public sur cette problématique. Il a par ailleurs insisté sur les conditions reconnues par la loi.