Lubumbashi : dans les coulisses chaotiques de l’aéroport de Luano

Lubumbashi : dans les coulisses chaotiques de l’aéroport de Luano

Il est 13 h 30 de ce mercredi 26 novembre. L’avion vient de toucher le sol. Le soleil est au zénith. La cabine s’ouvre. Et, très vite, l’aéroport de Luano à Lubumbashi rappelle sa réalité : ici, l’arrivée n’est pas un simple passage. C’est une épreuve.

Au bout de la passerelle, les passagers transportés par le bus de l’aéroport entrent dans un hangar étroit. Il fait chaud, on dirait dans une fournaise. L’air ne circule presque pas. Les gens s’éventent avec leurs documents. Certains transpirent.

Dans sa cabine, un agent d’immigration avance lentement, très lentement. Il écrit sur son clavier avec un seul doigt. Pour écrire l’adresse des arrivants, il prend tout son temps.  La file n’avance pas. Les regards s’impatientent. ”Ça ne bouge pas”, dit une femme dans la file depuis plus de 20 minutes.

Un autre agent débarque, il demande aux voyageurs de reculer. Le ton monte, entre lui et un homme dans la file, apparemment excédé. “Vous devez être à un mètre pour empêcher que la caméra ne prenne même les visages des autres !”, dit-il. Mais cela ne calme pas son interlocuteur.

En coulisses, des “négociations” !

Plus loin, une scène attire l’attention. Deux hommes discutent. Un agent de la douane avec un voyageur chinois. Ils parlent sans se cacher, et les gestes sont clairs. Il prend son passeport.

Ici, la frontière n’a rien d’un espace strict. C’est une zone où l’on peut s’arranger. Pour ceux qui connaissent le système, tout va plus vite. Pour les autres, c’est l’attente. Un agent explique à une femme qu’il vient d’accueillir : « .« Tu n’auras pas à faire la queue, tout est organisé ! »

La salle des bagages : un chaos organisé

Les formalités finies, un autre calvaire commence. La salle des bagages s’ouvre, bondée. Les passagers se mêlent à une foule d’agents en uniforme. Sécurité, migration, agent des régies des voies aériennes… Ils sont partout. Ils observent. Certains commentent. Ils cherchent quelqu’un du regard.

Dans la salle des bagages de l'aéroport de la Luano
La Guardia

Le tapis met du temps à se mettre en marche. Quand les premières valises apparaissent, la cohue commence. C’est le chaos total.

Des “aidants” improvisés

Au milieu du bruit, d’autres hommes approchent. Ils n’ont pas toujours de badge visible. Mais ils ont leur tenue de travail vert fluo, bleu ou orange. Ils s’adressent aux voyageurs fatigués. « Donne le ticket et je te trouve ton bagage », souffle l’un d’eux. Il connaît comment ça marche. Il peut parler à “un chef”. Ainsi, il peut retrouver “ce qu’on cherche rapidement”.

Et pour beaucoup, l’angoisse de perdre encore du temps pousse à accepter. Pendant ce temps, les cris se mêlent au vacarme . Ici un enfant pleure. Une femme soupire.Un jeune homme secoue la tête

Un aéroport stratégique, mais débordé.

Luano n’est pas un petit aéroport.C’est une porte d’entrée du secteur minier. Une plateforme essentielle pour les investisseurs, les diplomates, les commerçants.

Mais le contraste entre son importance et son fonctionnement saute aux yeux. Des infrastructures saturées. Des équipements vieillissants. Trop de personnel dans les mêmes espaces. Et un système qui laisse la place aux arrangements.

À la sortie, certains respirent profondément. D’autres secouent la tête. Les habitués relativisent : “Luano c’est quelque chose ! Mais derrière les sourires forcés, une frustration commune : Luano pourrait mieux faire. L’aéroport a le potentiel, les flux, les enjeux. Il manque surtout de modernisation, de discipline et de clarté.

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Une première impression qui interroge

Quand la porte finale s’ouvre, les conducteurs de taxi s’en mêlent. Ils interpellent, ils suivent, ils cherchent des clients.

Cette étape passée, l’arrivée à Lubumbashi commence enfin. Mais le passage par Luano laisse une question en suspens : comment un aéroport aussi stratégique peut-il offrir une expérience aussi éprouvante ?

Un voyageur du Zimbabwe qui a fait cette expérience a dit récemment : « J’ai voyagé dans beaucoup de pays africains, mais Luano est probablement le mauvais aéroport d’Afrique. »  Un touriste américain a pour sa part dit un jour : « L’aéroport de la Luano est sûrement le pire aéroport du monde ! »