Lubumbashi : ces femmes vivant avec un handicap qui survivent
À Lubumbashi, les femmes qui vivent avec un handicap font face à de nombreux défis. Entre leur survie toujours difficile, elles sont souvent victimes des violences de la part de leur conjoint dans les milieux professionnels. Toutes essayent de rester debout, malgré un quotidien qui les écrase. Elles connaissent un combat que peu voient, et que beaucoup préfèrent ignorer.
Micheline Mwange le voit chaque jour. Point focal de la thématique PVH au Cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga, elle-même vivant avec handicap, elle écoute leurs histoires, elle les accompagne, elle les porte. Et ce qu’elle raconte fait mal.
Rejetées parce qu’elles sont différentes
« Beaucoup de femmes sont rejetées juste à cause de leur physique« , dit-elle. La voix est calme, mais le constat est lourd. « Certaines avaient des maris sans handicap. Elles ont tout donné. Et pourtant, on les a abandonnées. Parfois, c’est même la belle-famille qui les chasse », raconte-t-elle.
Selon elle, plus de 500 femmes vivant avec un handicap aujourd’hui seules avec leurs enfants. Elles n’ont plus de soutien, elles doivent se débrouiller et se battre pour survivre. Leurs enfants ne vont pas toujours à l’école. « On parle de gratuité. Mais il reste des frais. Et avec leur situation, c’est difficile« , explique-t-elle. Chaque phrase raconte une injustice et chaque mot décrit un combat silencieux.
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Certaines femmes subissent des agressions que personne n’imaginerait. Micheline raconte une histoire qui hante encore sa mémoire. « Une femme a été violentée récemment. Elle m’a appelée. C’était terrible. Son mari l’a frappée. Il a aussi frappé sa fille de 16 ans. La fille est morte. Il l’a frappée avec une canne », raconte-t-elle avec difficulté. La mère vit encore avec l’homme qui a brisé sa famille. Elle survit dans la peur. « Malgré tout, elle reste là-bas », souffle Micheline. Car elle n’a nulle part où aller et aucun refuge. »
Des violences sexuelles qui laissent des bébés et des cicatrices
Les viols sont aussi nombreux. « Certaines femmes ont été violées et elles sont tombées enceintes. Ainsi, elles élèvent des enfants sans connaître leur père. Elles n’osent pas parler. Elles refusent qu’on révèle leurs noms », explique Micheline. Car, la honte les enferme.
Il n’y a pas que dans le cadre familial où elles subissent des violences. Pour ces femmes, trouver un emploi est aussi un combat. « Un chef peut dire : ‘Si tu veux le travail, couche avec moi‘ », raconte Micheline. « Certaines abandonnent. D’autres résistent. Beaucoup renoncent. Elles ont étudié. Elles ont des diplômes. Mais leur handicap devient un prétexte pour les exploiter ou les humilier« , dénonce-t-elle encore.
Il faut dire que ces femmes avancent malgré tout. Elles prennent soin de leurs enfants. Elles refusent de disparaître. Micheline parle de Julie, une couturière. Celle-ci a recueilli un homme sans ressources. Elle a bâti une maison sur une petite parcelle de 20 mètres sur 20. Elle a. Cependant, il mit au monde trois enfants mais celui-ci est parti et a trouvé une autre femme. « Julie continue pourtant. Elle coud et elle nourrit ses trois enfants. Elle tient bon. Son mari passe une fois par mois. Parfois, il apporte quelque chose. Parfois rien. Il repart. Julie, elle, reste. Elle porte tout. Elle refuse de s’effondrer« , raconte encore Micheline.
Des femmes qui vivent avec handicap comme Julie ou Micheline ne veulent simplement qu’une chose : exister. De plus, elles demandent peu : être acceptées, être protégées, être respectées. Leur combat est immense. Leur courage aussi. Pendant ces 16 jours d’activisme, ces femmes, à travers Micheline Mwange, appellent au respect de leurs droits.

