Lualaba: Luilu les travaux de la réhabilitation de la RN 39 abandonnés

Lualaba: Luilu les travaux de la réhabilitation de la RN 39 abandonnés

La RN 39 traverse Luilu dans la province du Lualaba  comme une ligne de vie. Mais aujourd’hui, cette ligne s’étouffe. La route annoncée en grande pompe reste un chantier abandonné au cœur de la saison des pluies. Ici, les habitants respirent plus de poussière que d’espoir.

Les travaux démarrent en juin 2025. L’entreprise Sabaoth installe ses engins. Les habitants y croient. On parle de modernisation. On parle aussi  du  « nouveau Luilu « . Puis tout s’arrête. Août arrive, le challenge « Visite Luilu » secoue la toile. Le gouverneur Fifi Masuka débarque. Elle veut éteindre la polémique. Elle relance les travaux le 13 septembre. Les discours rassurent. L’objectif paraît clair.

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Un objectif vite perdu de vue

On promet trois mois pour relier Luilu à Kolwezi sans souffrir. Entre août et octobre, la RN 39  à Luilu devait briller. Une route digne des richesses qu’elle transporte. Mais cinq mois plus tard, la réalité raconte une autre histoire. C’est encore un chantier fantôme.

À Luilu, on ne voit que trois kilomètres d’asphalte entre Kanzenze et l’entrée de KCC. Plus loin, la route se coupe en deux mondes. À gauche, un ruban d’asphalte et à droite, du gravier, de la poussière, des nids de poule.

Les engins ont disparu, les panneaux aussi. Les agents de Sabaoth ont quitté les lieux comme on ferme un chapitre. Erick, chauffeur sur la ligne Luilu-Kolwezi, hausse la voix malgré la fatigue : « Même la journée, à cause de la poussière, on roule avec les lampes allumées. Les véhicules tombent en panne. Cinq courses ici, on rentre avec des douleurs dans tout le corps. »

La poussière règne.

La poussière recouvre tout. Les arbres ne sont plus verts. Les maisons ne sont plus jaunes, bleues ou grises. Elles portent la même couleur, un beige étouffant. Les camions roulent et soulèvent des nuages qui s’écrasent sur chaque mur, chaque visage. Les piétons avancent la tête baissée. Ceux qui roulent à moto plissent les yeux. Beaucoup portent des châles improvisés, d’autres des cache-nez. Sans protection, il est impossible de respirer.

Une femme nous invite dans sa maison. Les assiettes brillent, mais sous une couche de sable. Le lit aussi. Les meubles aussi. « Regardez, dit-elle. On nettoie, et une heure après tout recommence. » Sous un manguier, un vieillard observe la route : « C’est inacceptable. On avait des engins ici. On a pensé que le problème était réglé. Un matin, tout avait disparu. Les travaux aussi« , dit-il avec amertume.

De quoi souffre ce chantier ? Un ingénieur de Sabaoth répond avec prudence : « L’entreprise n’a aucun problème. Les travaux ont commencé sans financement complet. La province a arrêté de payer. Voilà pourquoi tout est abandonné. » Il promet que bientot les engins seront de retours. Les habitants ne savent plus quoi croire.

Même les autorités contournent la route.

Dimanche dernier, la gouverneure Fifi Masuka se rend à Luilu pour une messe dans une église catholique. Mais ironie du sort, pour y arriver, elle évite la RN 39. Elle emprunte la voie interne de KCC. Comme si la route qu’elle a relancée devenait impraticable, même pour elle.

La RN 39 n’est pas un cas isolé. À Kolwezi, plusieurs chantiers s’enlisent. La piste de l’aéroport, élargie par Malta Forrest, a connu le même destin ,arrêt net et longues semaines d’attente. Les engins viennent seulement de revenir. À Lualaba, les infrastructures commencent et s’arrêtent. Les habitants attendent. Et la poussière continue son règne.