RDC: des chiffres alarmants sur les violences sexuelles sur les enfants
Plus de 35 000 cas de violences sexuelles contre les enfants ont été officiellement enregistrés en République démocratique du Congo entre janvier et septembre 2025. En 2024, près de 45 000 cas avaient déjà été recensés. Ces chiffres, tirés des données administratives nationales et onusiennes, donnent l’illusion d’une réalité maîtrisée. Pourtant, ils ne représentent que la partie visible de l’iceberg.
Selon le rapport de l’UNICEF publié ce 30 décembre, la majorité des violences sexuelles commises contre les enfants ne sont jamais déclarées. Les familles préfèrent garder le secret dans le but de protéger l’enfant survivant.
Le rapport de l’UNICEF couvrant la période 2022-2025 est sans ambiguïté. La sous-déclaration est structurelle. Car, les parents ont peur de la stigmatisation, des menaces de représailles, de la pression familiale ou communautaire. Ces facteurs poussent les survivantes et leurs familles à se taire. « Si personne ne parle, rien ne change. Mais parler est dangereux », confie une travailleuse sociale citée dans le rapport.
Les acteurs de terrain estiment que le nombre réel de cas pourrait être plusieurs fois supérieur aux chiffres officiels. Une violence invisible, entretenue par le silence, qui permet aux agresseurs de rester impunis et au phénomène de se reproduire.
Ces chiffres ne concernent pas seulement les provinces en situation de conflit. Selon le rapport de l’UNICEF, certaines provinces comme Kinshasa et le Kasaï enregistrent également un nombre important de violences sexuelles sur les enfants.
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Quand signaler devient un risque
Dans de nombreuses communautés, dénoncer une violence sexuelle ne garantit ni protection ni justice. Au contraire, cela peut exposer la victime à l’humiliation publique, au rejet familial, voire à de nouvelles violences. Certaines familles retirent leur plainte dès les premières démarches, par crainte d’être identifiées ou stigmatisées.
Le rapport souligne que seuls 16 % des survivants ont bénéficié d’un appui juridique en 2024, et qu’une infime proportion des auteurs est poursuivie, notamment dans les zones affectées par les conflits armés.
Les chiffres disponibles invisibilisent aussi certaines catégories de victimes. Les garçons, les enfants en situation de handicap et les enfants déplacés apparaissent très peu dans les données officielles. Non pas parce qu’ils sont épargnés, mais parce qu’ils ont encore moins accès aux mécanismes de signalement et de prise en charge.

