RDC : l’élu du peuple au service de ses ambitions ou du souverain primaire ?

RDC : l’élu du peuple au service de ses ambitions ou du souverain primaire ?

Dans le cadre de son programme « Mukalenga wa bantu dit représentant du peuple », le Groupe d’étude sur le Congo, (GEC) a organisé ce mercredi 16 février à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, une conférence-débat axée sous le thème « Votre Député travaille-t-il pour vous ? ». L’objectif de cette conférence était d’éclairer la population congolaise sur le travail qu’abattent les élus du peuple notamment sur la notion de la redevabilité d’un député vis-à-vis des électeurs. C’était en présence de l’Ambassadeur de l’Union Européenne en RDC, M. Jean-Marc Châtaignier.

Dans son intervention, Trésor Kibangula, directeur de la communication du Groupe d’étude sur le Congo(GEC) a révélé au public quelques chiffres clés de la législature en cours en République Démocratique du Congo. Selon l’étude menée, la majorité des députés nationaux à plus de 50 ans d’âge et les hommes sont les plus nombreux (85,3%) que les femmes (73 députés sur 499, le 500ème est décédé).

L’étude de GEC révèle également que sur 86 suppléants identifiés au sein de l’assemblée nationale suite à l’incompatibilité des fonctions de certains députés, 21sont de l’espace (Katanga).

 » Lors de la session ordinaire réservée à l’examen du projet budgétaire de septembre et décembre 2021, il y a eu au Parlement de la RDC, 23 questions orales avec débat (2 questions écrites, 2 questions d’actualité et 1 motion de défiance)’’.

Et d’ajouté : ‘’sur 15 ministres du Gouvernement Sama Lukonde concernés par cette action parlementaire, seulement 5 ont été entendus et 0 mandataire public interpellé’’.

Dix projets de loi ont été déposés dont la majorité concernent ceux en rapport avec la prorogation de l’État de siège à l’Est de la RDC.  Il y a eu également douze propositions de loi et 27 arriérés législatifs. Aucune proposition de loi n’a été adoptée malgré l’examen de quatre proposition de lois par la plénière et 12 projets de loi adoptés dont le projet de loi du budget rectificatif et en rapport avec la prorogation de l’État de siège dans les Provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

En ce qui concerne les vacances parlementaires, 159 circonscriptions sur les 181 que compte la RDC ont été couvertes par un rapport des vacances parlementaires. « Seulement 287deputés sur 500 députés ont déposé leur rapport soit 42,8 % » a expliqué Trésor Kibangula.

Pour Jeff Mbiya, cadre de la société civile du Haut-Katanga et paneliste à ces assises, les députés nationaux de la RDC, ne font pas la restitution de la reddition des comptes devant leurs bases.

« La difficulté que nous avons aujourd’hui dans le sens de redevabilité. Normalement, les députés devraient une fois pendant leurs vacances parlementaires, expliquer à la population les lois votées à l’Assemblée nationale, faire la restitution et les motivations qui les ont poussés à adopté telle loi plutôt que telle autre, faire l’évaluation de différents projets réalisés par le Gouvernement Congolais et à quelle hauteur. Le projet de finances qui a été voté, la population doit savoir sa part de responsabilité, comment mobiliser les ressources et la contrepartie ».

Il déplore le fait que de fois les députés confondent la visite au sein de leurs sièges des partis politiques à la redevabilité vis-à-vis de leur base. « D’habitude, la plupart des députés visitent leur siège, discutent avec leurs militants, » a-t-il dit.

Abordant dans le même sens, le Professeur Georges Kabongo a indiqué que la population n’est pas suffisamment informée sur le rôle et la mission du député.

« Le problème est un peu plus profond au sein de la société, parce qu’il y a eu une rupture assez profonde entre la société et les élites. Cette rupture est liée au fait que la population n’est pas suffisamment informée, pas suffisamment sensibilisé sur le rôle du député. Quel est le rôle du parlementaire en général ? Qu’est-ce que la population doit attendre de ses élus ? Souvent la population demande des comptes aux députés sur des choses qui ne relèvent pas de leurs prérogatives » a expliqué le professeur.