Accès à l’électricité : violation ou atteinte aux droits de l’homme

Accès à l’électricité : violation ou atteinte aux droits de l’homme

Dans plusieurs quartiers de Lubumbashi, les habitants n’ont pas accès à l’électricité pourtant ces quartiers sont bel et bien alimentés en énergie électrique. Seulement ; des agents de la SNEL en complicité avec certains habitants de ces quartiers ont instauré un système parallèle de perception des frais d’accès a, l’électricité. Violation ou atteintes aux droit de l’homme?

Parmi les défaillances des services de la société nationale d’électricité, on note les coupures intempestives et les délestages permanents que connaissent les habitants de plusieurs quartiers de Lubumbashi. D’après des témoignages, certains responsables de la SNEL en complicité avec des habitants ont instauré un système communément appelé « comité de suivi ».

Ces comités facilitent les branchements parfois frauduleux sur le réseau électrique, négocient l’échelonnement des échéances de paiement des ‘ factures, n’observent pas le programme de délestage. D’autres procèdent à la coupure régulière de l’électricité pour contraindre les consommateurs à négocier le rétablissement moyennant un paiement et cela à l’insu de la SNEL.

La majorité des consommateurs, plus victimes que complices, dénoncent l’existence de ces comités de suivi. Ils en appellent au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans ce secteur qui semble favoriser l’arbitraire.

Et pourtant selon la loi N° 14/011 DU 17 JUIN 2014 relative au secteur de l’électricité en RDC, l’électricité est l’un des facteurs majeurs et irréversibles qui conditionnent le développement économique, social, technologique et culturel de toutes les nations, de tous les peuples, de toutes les communautés ou de tout individu pris isolément. En outre, l’Article 48 de la constitution de la RDC stipule que « le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à l’énergie électrique sont garantis. La loi fixe les modalités d’exercice de ces droits ».

Pour sa part, Maitre Joseph Kongolo coordonateur provincial de la commission Nationale des droits de l’homme(CNDH), estime t qu’il s’agit là d’une atteinte aux droits de l’homme commis par des tierces et l’Etat congolais à son tour viole le droit à l’alimentation du courant électrique en laissant faire ces tierces personnes.

 

 

« Il est vrai que l’Etat Congolais a donné l’accès à l’énergie électrique surtout en milieu urbain, cependant, l’Etat devrait faire le suivi par rapport à cette alimentation pour voir si la population jouit paisiblement de ce courant électrique. On a constaté depuis un certain temps ces différents comités de suivi imposent leur loi à d’autres citoyens pour avoir accès au courant électrique à cause de la faiblesse de l’Etat »

Le coordonateur de la CNDH précise que l’existence de ces comités de suivi ne pas une mauvaise chose en soit. Là où le bât blesse, indique Maitre Joseph Kongolo, c’est quand ces comités se transforment en police pour rançonner la population en faisant payer des taxes et des amandes. « Quand l’Etat congolais ne fait rien pour stopper l’action de ces comités de suivi, il y’a violation des droits de l’homme parceque ces gens-là sont en train de porter atteinte aux droits de l’homme ».

Face à cette situation, l’Etat congolais a failli à sa mission qui est celle de protéger la population contre les dérives de ces tierces personnes qui lui son droit d’accès à l’électrique.

Maitre Joseph Kongolo estime qu’il y a des circonstances aggravantes lorsque les autorités locales cautionnent ces pratiques. « Il y a même des bourgmestres qui sont au courant, des chefs de quartiers et autres cadres de bases voire même la police et personne n’intervient ».

Et d’ajouter : « Ce qui est aussi malheureux c’est qu’il y a dans certains quartiers ou il y’a des autorités, des personnalités mais qui laissent faire ce système ».

Cependant il rappelle que le rôle de la CNDH consiste à enquêter sur tous les cas de violation des droits de l’homme et orienter les victimes à ester en justice leurs auteurs. « Nous devons aussi entrer en contact avec la SNEL car du fait que la population se comporte ainsi, cela donne une mauvaise image de cette société. Quand ils ont besoins d’argent, ces comités de suivi se permettent parfois de couper volontairement le courant électrique et souvent c’est en complicité avec certains agents de la SNEL et certains services de l’Etat. La CNDH ne va pas se fatiguer de faire un plaidoyer à la SNEL parceque la population doit jouir de son droit d’accès à l’électricité ».

A ce jour, moins de 10 % de la population Congolaise accès à l’électricité pourtant la RDC a un potentiel énergétique exploitable évalué à 100.000 MW, répartis sur 780 sites situés dans 145 territoires et 76.000 villages. Ce potentiel représente environ 37 % du potentiel total africain et près de 6% du potentiel mondial.