RDC: quelle opposition pour un Congo moderne et réconcilié ?
La politique Congolaise a un parcours historique et des péripéties qui marquent son évolution pendant près de 50ans. L’origine lointaine demeure le mouvement Lumumbiste qui a beau lutter contre le colonisateur ; c’est bien lui qui a enfanté Antoine Gizenga, le patriarche et l’autorité morale du parti politique PaLu, parti Lumumbiste unifié. Avec la prise du pouvoir par le colonel Joseph-Désiré Mobutu en 1965 et la création de Mouvement Populaire de la révolution, MPR, qui s’était mué en parti Etat, la dictature fut installée.
Cependant, 13 parlementaires qui jugèrent la politique de Mobutu déviationniste, réunirent leur courage patriotique, quittèrent le MPR parti Etat et constituèrent depuis 1982 l’opposition contre ce pouvoir monarchique de Mobutu. C’était à cette occasion que naquit l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, l’UDPS, qui a été dirigée à sa création jusque dans la décennie 1990 par le directoire de quatre leaders représentant les quatre langues nationales. Après des années de lutte politique dans une rude opposition contre la dictature de Mobutu, les ténors de ce parti firent défection, après être débauchés par Mobutu, laissant le leadership à Etienne Tshisekedi qui en garda le monopole, la ligne idéologique dure jusqu’ à sa mort intervenue en Belgique en date du 01 février 2017.
Il est clair que la période de Mobutu correspondant à la deuxième république fut marquée par l’opposition farouche imposée par l’UDPS. Cela bien avant la chute du MPR vécue en date du 24 avril 1990, date à laquelle le président Mobutu consacra le multipartisme à trois puis le multipartisme intégral dans l’ex Zaïre. Après cette date, d’autres mouvements d’opposition sont nés, mais globalement, c’étaient des partis politiques satellites, alimentaires du MPR que celui-ci avait injectés dans l’opposition en vue de la déstabiliser. Ce qui s’était démontré dans la suite du temps à travers l’UFERI que dirigeait feu Jean de Dieu Nguz à Karl I Bond, l’un des ténors de l’opposition réunie au sein du regroupement de tous les partis de l’opposition, « l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale(USOR) ».
Cette période de triste mémoire et expérience politique a produit beaucoup de conséquences dont la continuité du règne de Mobutu, et surtout, l’opportunisme dans la sphère politique de sorte que juste un peu de bruit au nom de l’opposition suffisait pour se faire débaucher par le pouvoir et déstabiliser l’opposition. La politique s’est donc caractérisée par un jeu personnel et individuel centré de façon égoïste au détriment de l’idéologie du parti ou regroupement dont on fait parti.
Par la force des circonstances, le temps a produit de façon quasi opportuniste L’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo, AFDL, qui a mis fin à la deuxième république. Ainsi naquit la troisième république. Dans cette période, deux règnes marquent l’histoire : celui de Laurent-Désiré Kabila venu du maquis en Tanzanie et des montagnes de l’Est de la RDC, puis celui de Joseph Kabila, son fils, un produit de l’armée. En vérité, les modes de gouvernance et de gestion n’ont pas accusé de sérieux changements: La non séparation de trois pouvoirs traditionnels dont l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire constitue une preuve suffisante pour démonter la continuité de la dictature larvée exercée par les dirigeants qui ont succédé au règne du MPR parti Etat. Le plus marrant de cette période c’est surtout le débauchage à moindre frais des prétendus opposants.
Une opposition sous la coupe occidentale ?
Les causes de cette situation sont entre autres la forte main mise de l’extérieur qui nous a confectionné des dirigeants, l’opportunisme politique qui confie de lourdes charges d’Etat à des opportunistes politiciens non préparés à cette tâche, et qui ne voient dans la politique que la satisfaction de leurs intérêts personnels et égoïstes, le souci effréné de s’ enrichir éperdument, la politique étant devenue dans notre pays une voie d’ enrichissement facile, une mangeoire au lieu d’ être un service pour la population. Ce contexte n’a fait que l’opposition, au lieu de jouer son rôle, s’est muée en une stratégie voire une ruse pour accéder à » l’emploi« .
Cette triste et honteuse expérience devra nous rendre sage dans le contexte actuel où nous voulons construire un Congo moderne et civilisé. Prônant un Congo réconcilié, il n’empêche pourtant pas l’opposition à jouer son rôle de contre poids du pouvoir en place. Mais pour que cette opposition joue pleinement son rôle, nous estimons qu’elle devra au départ se départir du mercenariat occidental, se revêtir du vrai patriotisme, fonder son action sur une idéologie politique claire et constructive et non sur des intentions malveillantes qui visent l’intérêt personnel et égoïste au profit de leurs parrains occidentaux pourqui seuls leurs intérêts comptent et non le développement du notre pays.
Opposition ou contre pouvoir
Pour qu’un gouvernement soit fort, il faut une opposition forte, un contre pouvoir où il y a des lanceurs d’alerte pour que le gouvernement ne dévie pas de ses objectifs de sorte que le pouvoir d’Etat soit bien exercé au profit du bien être collectif. D’ autre part, le pouvoir qui se veut démocratique devra jouer sa partition dans le respect de la constitution et d’autres lois du pays, car c’est de ceux-ci que dépend la paix civile, et ce sans museler l’opposition dans ce qu’elle est appelée à jouer de positif et de patriotique. L’objectif demeurant de garder de part et d’autre l’équilibre au profit de l’Etat et non des partis ou des regroupements politiques qui sont des faits privés dans un Etat.
En effet, dans ce noble rôle, la nouvelle opposition devra s’investir en organe politique de surveillance de l’action du gouvernement au regard de la constitution et des lois du pays. Pour autant, elle aura pour mission de sensibiliser la population, de l’éveiller sur les lois du pays au lieu de l’abrutir et de la chosifier par des slogans et des discours hypnotiseurs. Elle doit être un bureau technique d’études et de suivis des actions du gouvernement au lieu de limiter sa mission en termes d’un mouvement de pression de rue. Nous estimons que ce partenariat sans être nuisible au gouvernement ni préjudiciable à l’ avenir du pays, sera une contribution utile pour la reconstruction nationale et l’avènementd’un pays civilisé.