Lubumbashi: des signes du changement climatique perceptibles
Il est huit heures du matin sur l’avenue Salongo dans la commune Katuba à Lubumbashi. L’on aperçoit une femme en sueur habillée en robe décolletée malgré la pluie. La plupart des personnes qu’on rencontre ce matin-là sont tous habillées en tenues légères. La météo indique quant à elle entre 17 et 18 degré la température. Le professeur Jean-Pierre Djibu, Directeur de l’observatoire régional de changement climatique affirme que Lubumbashi est bel bien touché par le changement climatique et ses conséquences sont liées à l’homme. Reportage de Anto Mulanga.
Bertine Mukose, enseignante de carrière, habite Lubumbashi depuis 30 ans maintenant. Nous la rencontrons le mercredi 4 Mars dernier devant sa parcelle au quartier Kisanga dans la commune Annexe. Impuissante devant les eaux de pluie qui ne cessent d’envahir sa parcelle, elle nous confie qu’il y a cinq ans au paravent, sa parcelle n’avait jamais connu une telle montée des eaux. « C’est tout notre quartier qui est envahi par des eaux. Il ne pleut pas régulièrement, mais quand la pluie tombe, il faut s’attendre à des dégâts presque partout dans la ville. Si dans le centre urbain nous vivons çà, que dire de la périphérie ?», s’exclame-t-elle d’un ton inquiet face au désastre que vient de causer la pluie de ce mercredi.
Non loin de là, dans la commune Katuba, presque toute la commune est inondée. De la place communément appelée « du marché » sur le boulevard Katuba, en passant par le bureau communal jusqu’au foyer social et sur l’avenue Salongo, des maisons sont inondées, tous les passagers ont les pieds dans l’eau jusqu’à la hanche. Des véhicules privés et de transport en commun s’arrêtent parce que les moteurs ont accumulé de l’eau. Michel Bomasi habitant du quartier Salongo attribue ces inondations à la coupe des arbres observée dans la ville de Lubumbashi. « Regardez comment nos maisons sont inondées, et pourtant nous ici on avait jamais connu ce problème dans le passé, tout ça parce qu’on a coupé tous les arbres pour construire des maisons à mettre en location et aujourd’hui nous payons le prix ; toutes ces maisons sont détruites par les inondations », lance-t-il debout les pieds dans l’eau.
Jean-Pierre Djibu de teint clair et trapu est directeur de l’Observatoire régional du changement climatique. Il nous reçoit dans son bureau à l’Institut Supérieur Pédagogique de Lubumbashi(ISP). D’un ton serein, il indique que ce problème est lié au changement climatique. « Lubumbashi fait face au changement de température et de pluie ; ça signifie qu’on se retrouve dans une situation où la pluie au lieu d’être repartie dès octobre, jusqu’au mois de mars ou Avril qui est le mois de transition, se concentre à une période de deux ou trois mois. Donc, ça peut démarrer de novembre, décembre et janvier ou encore février si ça va plus loin».
Le professeur affirme que le changement climatique apporte avec soi son lot des conséquences. « Lorsque il fait chaud, il y a des mutations génétiques. C’est notamment des fortes pluies, des inondations, la sècheresse et la résurgence des épidémies ». Il appelle les Lushois à changer leur manière de vivre afin de s’adapter au changement climatique et chercher des plans d’atténuations.
Pour sa part, l’Association internationale des Maires des pays francophones (AIMF) a financé deux projets proposés par la Mairie de Lubumbashi afin de trouver des mécanismes de résilience et d’adaptation climatiques. Nous nous sommes rendus à la Mairie pour en savoir plus. Jean-Pierre Ngwej, coordonnateur du service de l’environnement à la Mairie de Lubumbashi, nous décrit ces projets. « Le premier projet est celui réalisé au site de captage d’eau à Kimilolo. Il consiste à protéger ce site de la Regideso en construisant des maisons de forêts appelées « maisons didactiques » qui sont des maisons d’instruction de civisme écologique ou se retrouvent les inspecteurs de l’environnement pour surveiller les sites de captage d’eau. Le deuxième projet a quant à lui consisté à mettre en place un système de reboisement en créant des pépinières des municipalités. A Lubumbashi, plusieurs pépinières ont été créées sur différents sites dont Kimilolo, Luano et Kasapa pour permettre de revégétaliser les sites de captage d’eau afin de faciliter le chargement de la nappe phréatique et éviter le rabattement d’eau pendant la saison sèche ».
L’AIMF est un projet commun de l’OIF (organisation Internationale de la francophonie). Elle a pour but de donner à chacune des villes des pays membres la possibilité de se développer dans un monde confronté à des défis majeurs notamment celui du changement climatique.