Lubumbashi-SNEL: l’utilisation des compteurs à prépaiement 10 ans après

Lubumbashi-SNEL: l’utilisation des compteurs à prépaiement 10 ans après

Près de dix ans après l’instauration par la société nationale d’électricité du  mode de facturation  à prépaiement à Lubumbashi, le système semble donner ses limites. Dans plusieurs quartiers, les abonnés se plaignent des plusieurs difficultés dues à l’utilisation des compteurs à prépaiement. C’est notamment, les coupures  intempestives du courant électrique, et la surfacturation. Conséquences les abonnés recourent au raccordement frauduleux que la SNEL prétendait combattre en instaurant ce nouveau mode de facturation .

Thérèse est habitante du quartier Lido golf. Elle utilise le compteur à prépaiement depuis cinq ans maintenant. Cependant elle affirme être butée à des coupures intempestives du courant  électrique très souvent chez elle à la maison. « Nous rencontrons plusieurs difficultés entre autre les coupures intempestives du courant  électrique . Il y a des complications , ceux qui sont connectés à l’ancien système peuvent avoir de l’énergie électrique  mais nous nous avons des  compteurs à prépaiement, sommes privés du courant électrique . Il faut à chaque fois faire appel aux agents de la SNEL pour rétablir le courant  électrique et c’est un cout ».

De son côté, la SNEL reconnait qu’il existe des sites ou  tous les abonnés desservis par une  cabine électrique  n’ont pas encore migrés vers le mode prépayé. « Nous avons commencé par un projet pilote .Au fur à mesure on va généraliser mais avant cela on va compléter les  cabines ou une partie des abonnés est mode  en post paid. En généralisant,  la clientèle va constater qu’il y ‘aura moins des coupures », déclare William Ngoy, directeur commercial à la Snel, région du Katanga .

Pendant ce temps,  dans certains quartiers de  Lubumbashi, les abonnés de la Snel qui expérimentent le mode de prépaiement se disent satisfaits  . C’est le cas de ceux du quartier Musumba dans la commune Katuba ou une année après l’installation des compteurs a prépaiement   ont  dit adieux aux  coupures du courant électrique. Témoignage de Papy Dontshi habitant du quartier, tient  une cabine téléphonique.  «  »La facturation en mode prépayé est très avantageuse. Je me procure du crédit énergie de 5.000 Fr, c’est 2.5 $ pour couvrir le mois. Ici chez nous ça fait déjà une année et un mois depuis que nous utilisons les compteurs a prépaiement, il n’y a plus de coupure du courant électrique. Chacun gère ses crédits  énergies selon  ses besoins «  »

Ce qui réjouit William Ngoy directeur commercial à la SNEL « L’utilisation rationnelle du courant électrique a permis à certains abonnés de ne plus jamais voir des coupures intempestive du courant  électrique , le disjoncteur ne pose plus des problèmes, le fil conducteur   de  l’énergie électrique ne se coupe plus comme par le passé ».

Il demande aux abonnés en mode prépaiement qui connaissent des coupures intempestives du courant  électrique comme ceux du quartier Lido de Lubumbashi  de prendre leur mal en patience . Le problème sera résolu dès  que la SNEL sera en mesure  de placer   tous les abonnés  en mode de prépaiement, explique-t-il.

Une expérience peu concluante

Le quartier Gécamines, est l’un des quartiers ou la SNEL avait expérimenté la consommation de l’énergie électrique en mode prépaiement. Si au début le système avait suscité  de l’anthousiasme chez les  abonnés, ce n’est plus le cas actuellement affirme Patrick, habitant le quartier. « Si au début on pouvait acheter  les crédits  énergie de 5000  ou 10.000 Francs congolais et avoir  du courant  électrique pendant 30 jours, pour le moment , ce n’est plus possible . Actuellement, on ne peut acheter  les crédits énergie que  de 25.000 FC voire 30. 000 FC et ces crédits ne couvrent pas un mois d’utilisation d’énergie électrique ».

Pour faire  couvrir le besoin en énergie électrique , Patrick  affirme  que la plupart des abonnés au quartier Gécamines utilisent les cartes prépayées pendant la journée et le soir ils se déconnectent et recourent au raccordement frauduleux. «Les gens n’ont pas la possibilité de se  procurer  les crédits qui d’ailleurs se consomment très mal. Qu’est  ce qu’on fait ? Pendant la journée, on utilise les cartes prépayées et le soir on se déconnecte du compteur à prépaiement ,  on fait le raccordement frauduleux et on consomme le courant électrique gratuitement  ».

Face à cette situation , une question se pose : La facturation en mode de prépaiement, est ce une expérience peu concluante ? Non répond William Ngoy , directeur commerciale de la SNEL. « Cette phase est  concluante, parce que la Snel a enregistré plusieurs avantages . Sur le plan commercial, on édite plus des factures, on ne fait plus des campagnes de relève des index et même des recouvrement. Sur le plan technique, nous constatons que les endroits où on a placé ces compteurs, les cabines électriques sont moins saturées,  les gens utilisent rationnellement leur énergie et  nous en avons encore un peu plus  pour donner à d’autres clients. On est  ainsi passé d’une phase expérimentale à une phase d’appropriation».

Il indique que selon la vision de la direction générale de la SNEL, l’installation des compteurs à prépaiement va s’étendre en plus de la  Lubumbashi sur les villes de Likasi dans le haut- Katanga et Kolwezi dans le Lualaba.

Il précise cependant que sur les quatre sites qui sont passés en  mode à prépaiement, le quartier Gécamines pose beaucoup des problèmes car il s’agit d’un réseau électrique  hérité de l’entreprise minière  Gécamines . « Il s’agit d’un réseau de repiquage et  la clientèle  a la faciliter de   frauder. Ce  sont des actes que nous n’acceptons pas,  des que nous trouvons des tels actes nous pénalisons les clients ».

 

Un manque à gagner

Le raccordement frauduleux au réseau électrique constitue un manque à gagner pour la SNEL. Patrick estime que la SNEL devrait revoir sa stratégie . « C’est vraiment un échec pour la SNEL. Je pense qu’on doit revoir les choses parce que  ce sont toujours les soit disant agents SNEL qui sont complices  et qui nous favorisent les raccordements frauduleux . Aujourd’hui on ne paie plus les crédits énergie. Dans mon quartier ,  presque 90% des abonnés n’achètent  plus les crédits, nous consommons l’électricité gratuitement ».

Conscient de ce manque à gagner, le directeur commercial de la Snel ,région du Katanga , William Ngoy affirme que ça soit en mode prépaiement ou en mode post paid, le raccordement frauduleux cause à la SNEL des grandes pertes. « A titre indicatif, pour le seul mois d’Avril nous sommes à 60% des pertes  en énergie électrique, c’est vraiment énorme. Nous sommes en train de lutter et le seul moyen de lutter contre cette perte c’est la gestion en mode prépaiement ».

Un problème de culture

La facturation en mode de prépaiement  est une inovation en RDC; Elle a  pour objectif d’amener la population à pouvoir mieux gérer ce qu’ils consomment. Malheureusement , il se pose un problème de culture explique José Shako de la commission nationale de  l’énergie, un service public . « Le fait de gérer soit même son énergie, ce n’est pas donné à tout le monde . On ne sait pas éteindre les ampoules quand il le faut , les abonnés ne savent pas quel type d’ampoules  il faut utiliser….. Conséquence ils se retrouvent en train de payer des factures exorbitantes et se posent des questions s’il ne fallait pas rester dans l’ancien système  ( Facturation forfaitaire ) ou on utiliser l’électricité sans compteur ».

José Shako estime qu’il faut un accompagnement  et une éducation  de la population  « Le problème c’est au niveau de l’éducation et de la discipline personnelle. Le courant ce n’est pas quelque chose qu’on peut stocker. Dès que vous ouvrez votre interrupteur il consomme. Il faudrait qu’on arrive à discipliner la clientèle et qu’elle  comprenne que la facture  peut être moins onéreuse si on est discipliné à l’exemple  de la gestion des crédits de communication ».

A ce jour,  près de 19.000 abonnés  de la région  du Katanga  sont connectés aux compteurs à prépaiement sur un total de 175. 000 clients de la SNEL.