RDC: Contrat chinois loin des réalisations des promesses

RDC: Contrat chinois loin des réalisations des promesses

En RDC, 11 ans après la signature du contrat chinois   de financement des infrastructures en échange des permis d’exploitation minière pour  un cout de 6 milliards de dollars , le volet infrastructures  suscite un débat au sein de la société civile .

Ce méga contrat présenté comme gagnant- gagnant  prévoyait que  3.2 milliards devaient être affectés à la construction des routes, hôpitaux, chemin de fer, stade etc. A ce jour, quelques travaux d’infrastructures ont été exécutés dans certaines villes du  pays comme à  Kinshasa ,  Lubumbashi , Kolwezi et à Goma. Cependant, l’ONG Afrewatch qui vient de publier un rapport  l’exécution du contrat chinois  estime  que les réalisations  ne sont pas à la hauteur  des promesses.  

C’est le cas de la route Luambo-Mitwaba- Manono – Kalemie, longue de près de 500 Kilomètres et  qui relie les provinces du Haut Katanga, du  Haut lomami et du Tanganika. Débutés il y a 6 ans,  seuls 171 Km en terre sont rénovés, pourtant  cet ouvrage  financé par le programme Sino Congolais devait être remis à la RDC en 2018, indique l’Agence  Congolaise des grands  travaux, ACGT.

Georges Nkulu, transporteur routier sur l’axe Lubumbashi – Luambo – Mitwaba – Manono témoigne que la route est ne pleine réhabilitation et les travaux pourraient encore durer 4 ans.

« Les chinois  de l’entreprise CREEC 7 travaillent sur cette route. Quelques 50 Kilomètres sont asphaltés. Le reste, de la  localité de Kyubo en territoire de Mitwaba jusqu’à Kyolo en territoire de Malemba Nkulu sont en terre battue. Actuellement, nous pouvons rouler  sans trop de peine jusqu’à la localité de Kyolo. Mais de là jusqu’à Manono, il y a 100 Km de route impraticables. Arrivé à Kyolo, nous  sommes obligés décharger  la marchandise , certains commerçants prennent la voie fluviale jusqu’à Manono, d’autres  continuent la route  à moto ».

A coté de lui, Lwembo wa Nsenga  un autre transporteur, nourrit le même espoir de voir le tronçon entre la localité de Kyolo et Manono  être rapidement réhabilité: « De Lubumbashi à Kyolo, c’est 566 Km, nous mettons deux jours de route. C’est acceptable. Mais dépasser Kyolo, la route est en  mauvais état. Si vous vous y engagez avec votre camion, les 100 Kilomètres peuvent vous rendre 4 à 5 jours  avec le risque de casser tous les amortisseurs  du véhicule ».

La  construction et la réhabilitation des infrastructures amorcées en  RDC en 2014  avec le programme du gouvernement de l’époque dénommé « La révolution de la modernité » grâce au programme Sino Congolais ont suscité  beaucoup d’espoir sur le développement du pays. Mais 11 ans après, Eric Lubangu, assistant  à la faculté d’économie à l’université de Lubumbashi  est un  peu déçu. Pour lui , on est loin de l’objectif visé.

« Vous prenez l’exemple de  Lubumbashi, l’avenue Kasa vubu  avait été réhabilitée par les chinois de l’entreprise CREEC 7 dans  le cadre de ce projet. Mais elle vient encore d’être retouchée, ce qui montre qu’elle n’avait pas été bien construite. Les travaux sur la route Mokambo et même sur la route Luambo  ne sont toujours  pas achevés. Ce qui nous fait dire que les routes n’ont pas bénéficié des financements attendus » a dit Eric Lubangu.

Cet économiste estime que non seulement, la partie chinoise au contrat n’affiche pas une bonne volonté dans l’exécution de ses engagements et rien que du côté Congolais car  la mise en œuvre des projets a émaillée d’actes de corruption: « Il faut dire dans le décaissement des fonds chinois, l’argent n’était pas traçable. Ce qui nous pousse à croire qu’il y a eu de la corruption dans l’exécution de ce méga contrat » a-t-il ajouté  Eric Lubangu.

Pourtant, le volet  infrastructures du programme  Sino Congolais a déjà  valu à la RDC  un prêt de  plus de 2.8 milliards de dollars selon  le rapport de l’ong AREWATCH publié  dernièrement. Et la RDC n’a pu rembourser qu’environ le quart du prêt.

Pour sa part,  le directeur adjoint du programme Sino Congolais  est plutôt optimiste. Il a déclaré sur  un média de Kinshasa  que  jusques l’an dernier, 982 millions des dollars ont été affectés aux infrastructures  repartis sur  43 contrats conclus sur toute l’étendue de la RDC. Il ajoute que 488 kilomètres de route doivent encore être réhabilités ainsi que la construction d’un stade.