Province du Tanganyika: conditions précaires pour plus de 280 mille sinistrés des inondations
Dans la province du Tanganyka, sur 3.3 million d’habitants, 281 mille personnes sont affectées par des inondations des mois de mars à mai derniers. La ville de Kalemie compte à elle seule plus de 14 mille sinistrés. La plupart d’entre eux ont été accueilli par des proches, d’autres se sont relogés dans des conditions précaires.
Parmi les quartiers de Kalemie touchés ces inondations, il y a le quartier résidentiel DAV et le quartier Kamukolobondo construits au bord du lac Tanganyka , le quartier industriel en amont de la rivière Lukuga et le quartier Kalumbi en aval de la Lukuga. Ces entités sont aujourd’hui pour la plupart des quartiers fantômes. Certaines maisons sont complètement détruites, d’autres on peut encore voir des parties des murs sous l’eau. Chaque sinistré fait ce qu’il peut selon ses moyens pour trouver un abri. Si les uns ont avoir des maisons en location, d’autres bénéficient de la bonne volonté des parents et des proches. C’est le cas de Madame Faida Kalimurima et sa famille. Elle avait construit sa maison au quartier Kalumbi au bord de la rivière Lukuga à Kalemie. Aujourd’hui, sa maison est inhabitable car complètement inondée. L’eau a atteint plus de 3 mètres de hauteur. Elle n’a pu récupérer que les tôles et les planches de la charpente. Se reloger n’a pas été aisé pour elle et sa famille
« Lorsque nous nous sommes décidés de quitter la maison, nous avions trouvé une maison en location au quartier Kichanga vers l’aéroport. Mais deux mois après, cette maison a été vendue et nous étions obligés de la libérer. Mon mari et moi, ne savions pas où aller. Un homme de bonne volonté nous alors proposé d’occuper sa maison en chantier au quartier Trico à environ 5 Km du centre-ville de Kalemie. Ici, il n’y a ni eau ni électricité ».
Et depuis cette période, la vie de cette famille a basculé. Cette famille qui vivait du petit commerce et du garage ne sait plus nouer les deux bouts du mois
« Moi je vendais de la friperie au marché de Kisebwe. Là, je ne sais plus exercer cette activité. Je vis loin du marché et je ne peux pas assurer le transport quotidien. Avec les tôles de ma maison, j’ai construit un petit abri et j’ai monté une boutique mais j’ai fait faillite. Mon mari est mécanicien. Lui aussi n’a plus de client à cause de la distance qui nous sépare de la ville »
Plus loin sur la route de l’aéroport, l’hôtel Musalala construit au bord du lac Tanganika est l’une des infrastructures également touchées par cette catastrophe. Cet hôtel, l’un des plus importants de Kalemie ne peut plus accueillir des clients pour des réunions et des visites à la plage. Le niveau d’eau du lac Tanganyka a augmenté et a détruit une partie du bâtiment. Il n’y a plus de plage explique Et explique Gislain Musa , gérant de l’hôtel
« En deux ans, nous avons perdu 30 mètres de la plage. Les arbres qui étaient ici sont tombés. Il y avait quatre cocotiers, il n’en reste plus qu’un et il est dans l’eau et déjà penché. Il va aussi céder vu l’intensité des vagues du lac. Il y avait ici des paillottes à côté du lac, elles sont tombées. Là nous avions deux salles de réunion dont l’une à un niveau d’étage, tout est détruit, il ne reste que quelques morceaux de brique. C’est la catastrophe ».
L’impact des inondations a des conséquences qui dépassent la question des logements perdus. C’est aussi 293 des écoles et des centres de santé qui ont été détruit. Plus de trois mois après ce sinistre, les victimes attendent encore de l’aide tant du gouvernement et des humanitaires. Useni Alfani, un autre sinistré du quartier Industriel de Kalemie ne cache pas sa colère
« Nous vivons une catastrophe ici à Kalemie mais personne n’en parle. Nous sommes abandonnés. Les inondations, c’est une catastrophe naturelle au même titre que l’éruption volcanique qui s’est produit à Goma. Voyez comment nos frères de Goma bénéficient d’une assistance du monde entier. Mais ici, rien n’est fait. Nous ne comprenons pas la politique gouvernementale de notre pays »
Réaction du gouvernement
Face à cette situation, le gouvernement provincial du Tanganika se dit préoccupé, affirme la ministre des affaires humanitaires au Tanganyka. Natasha Mulange, ministre provincial des affaires humanitaires déclare que pour protéger la population de cette catastrophe qui secoue la province ces deux dernières années, il faut des solutions durables. Elle affirme avoir pris contact avec son collègue en charge des infrastructures, affaires foncières et urbanisme en vue de délocaliser les quartiers affectés.
« Avec le ministère provincial des infrastructures, nous avons décidé de créer de nouveaux lotissements et distribuer gratuitement des parcelles aux sinistrés. A Kalemie, nous ciblons l’axe Nyunzu à 7 kilomètres et l’axe Moba à 8 kilomètres du centre-ville. C’est évidemment un projet à long terme. Ces endroits identifiés doivent être doté d’infrastructures de base. On en peut pas délocaliser des gens et les mettre dans des endroits où il n’y a ni eau ni électricité ni centre de santé de santé ni école .Cette projet est précédé par une sensibilisation de la population.
En attendant, le gouvernement provincial du Tanganyka déclare avoir apporté aux sinistrés une assistance d’urgence aux plus vulnérables. Il s’agit des bâches pour les abris et de la nourriture. Mais les bénéficiaires , cette aide n »avait ciblé qu’une catégorie de personnes , en plus elle était insignifiante.