Lubumbashi –quartier Mégastore : la santé, un droit non disponible et difficile d’accès
Vivre au quartier Mégastore, c’est vivre à 4 km d’une structure sanitaire publique la plus proche, sinon, il faut faire 7 km ou plus pour en trouver. Dans ce quartier de la commune Annexe on y trouve 25 centres de santé dont la plupart sont des centres de fortune fonctionnant avec 2 lits et sans équipement adéquats. De plus, il faut débourser une petite fortune pour s’y faire soigner, ce qui pèse lourd pour les habitants de ce quartier dont la plupart sont des démunis.
Ce quartier dont la population est estimé à plus de 5 000 habitants est en proie à différentes maladies dont les plus récurrentes sont le paludisme, la diarrhée, la fièvre typhoïde. Ainsi pour se faire soigner les habitants recourent à des centres privés mal équipés et couteux. L’un d’eux est le centre de santé Upendo, il se trouve à 300 mètres du bureau du quartier. Composé de deux pièces avec deux lits avec comme matériels, un stéthoscope ainsi qu’un tensiomètre, deux infirmières ainsi que le propriétaire qui joue le rôle du médecin. Pour les cas les plus compliqués ils doivent transférer les patients dans un centre mieux équipés avec toutes les conséquences d’une prise en charge tardive entrainant parfois les cas de décès.
Des soins couteux avec une qualité médiocre
Adeline Kalunga, une mère de cinq enfants très démunie partage son expérience. « Trois de mes cinq enfants sont tombés malades, ils avaient fait la diarrhée, je suis allé au centre du coin, ça été pénible, j’ai dû payer 105 milles francs (52,5 $) pour qu’ils soient pris en charge. » et d’ajouter : « les soins étaient médiocres, le centre ne dispose pas d’assez d’équipements ». Son expérience n’est pas isolée. Certains habitants rencontrés dans le quartier ont dû faire la même expérience. Jean-Claude, un homme rencontré dans son dépôt de Ciment, explique qu’il préfère amener ses enfants dans une structure bien équipée même s’il faut faire 7 km. Et pourtant dans les structures de l’État, la consultation est à 4000 francs dans les hôpitaux généraux de références selon le Docteur Irène Ngimbi , médecin à l’hôpital Général de Kampemba. Dans la mesure où ces hôpitaux reçoivent des subventions, les soins même s’ils ne sont pas de la plus haute qualité, coutent moins chers.
Willy Mfumu est le chef du dit quartier, il déplore le fait que ce quartier ne dispose pas d’un hôpital public : « Dans le quartier mégastore il n’y a pas des centres officiels, ceux qui veulent vont se faire soigner à la commune de la Kenya ou encore au centre-ville ». Mais la majorité se fait soigner dans les centres privés parfois à des coups très élevés explique encore Willy Mfumu. « Si vous passez dans les centres privés vous trouverez qu’il y a des pagnes, des casseroles mis en gage pour être soigner ». dit-il. Il explique également que ceux de plus démunis par manque des moyens recourent à la médecine traditionnelle ou à l’automédication. Une situation qui renforce la précarité dans laquelle vivent ces communautés.
« Le droit à la santé inclut la disponibilité, l’accessibilité et la qualité de services de santé »
Et pourtant la santé est un droit fondamental consacré par la constitution de la RDC. L’article 47 dispose : « Le droit à la santé et à la sécurité alimentaire est garanti. La loi fixe les principes fondamentaux et les règles d’organisation de la santé publique et de la sécurité alimentaire. » Le pacte International des Droits Économiques, Sociaux et culturel, un instrument juridique international auquel la RDC a adhéré depuis 1976, dispose à l’article 12 : « Les États Parties au présent Pacte reconnaissent le droit qu’à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre. Les mesures que les États Parties au présent Pacte prendront en vue d’assurer le plein exercice de ce droit devront comprendre les mesures nécessaires pour assurer : La création de conditions propres à assurer à tous des services médicaux et une aide médicale en cas de maladie. »
Selon l’organisation mondiale de la Santé, l’exercice de ce droit inclut, la disponibilité de services de santé, mais surtout le droit à un système de protection de la santé qui garantisse à chacun, sur un pied d’égalité, la possibilité de jouir du meilleur état de santé possible. Et selon le réseau Droits économique, sociaux et Culturel (DESC), les États en plus de veiller à ce qu’il y ait les établissements et les services de santé accessibles à tous, ils doivent veiller à ce que le cout soit égalitaire sans oublier que la qualité doit être la règle
Dans ce quartier, ce droit est loin d’être réalisé. Non seulement il ne dispose pas d’un centre de santé public, mais surtout que la population est obligée à recourir à des soins de mauvaise qualité à un coup élevé .