Province du Tanganyika: Les pêcheurs déplorent la faible rentabilité de leur activité
Ces deux dernières décennies, la pêche sur le lac Tanganyika du côté de la RDC, n’est plus florissante. Selon les pêcheurs, la production est en baisse même s’ils reconnaissent que les statistiques ne sont pas disponibles.
C’est à peine qu’un port comme celui de Kamkolobondo à Kalemie présente quelques chiffres. Entre 2017 et 2020, la société coopérative des pêcheurs du lac Tanganyika SOCOPELTA a enregistré une production des poissons (essentiellement du Fretin et de celui appelé localement Mukebuka ) qui varie entre 900 et 1.200 tonnes par an . Pour les pêcheurs, c’est une faible production comparativement aux dépenses quotidiennes et au coût d’amortissement du matériel de pêche. C’est ce que déplore Muzungu Abdallah, chef d’une équipe de pêche à Kalemie . Aujourd’hui il n’a réalisé qu’une prise de 5 caisses de fretin soit près de 100 Kg.
J’ai vendu la caisse à 50.000Fr ( soit 25 dollars ) et j’ai gagné au total de 250.000Fr ce qui équivaut à 125 dollars. Prenons maintenant les dépenses….Nous devons y soustraire 45.000fr pour l’amortissement des panneaux solaires, 25.000Fr pour amortissement du moteur hors-bord, 100.000Fr du carburant car nous avons consommé 40 litres. Ajoutez à cela d’autres dépenses et les taxes, il ne nous reste que 30.000Fr à partager entre les pêcheurs et le patron de l’unité de pêche.
La question de la rentabilité de la pêche dans le lac Tanganyika du coté Congolais préoccupe également les patrons des équipes de pêche. La construction d’une unité de pêche coûte entre 20 et 30 mille dollars américains. Pierre Kalonda Sadiki, président de la société coopérative des pêcheurs du lac Tanganyika SOCOPELTA , il faut une pirogue en bois longue de 13 ou 15 mètres, un moteur hors-bord, des panneaux solaires pour alimenter les lampes, un filet dont la longueur varie entre 100 et 120 mètres ainsi que d’autres accessoires. Pour lui , la faible production du poisson constitue un gros manque à gagner.
Tu peux monter aujourd’hui une unité de pêche et lancer les activités de la pêche. Il faut attendre entre 5 et 6 ans d’activités pour récupérer ton capital. Les plus chanceux font des bénéfices au bout de deux ou trois ans. La pêche se fait à l’aveuglette. Nous n’avons pas de matériel pour détecter les endroits où il y a abondance de poisson. Nous jetons le filet au hasard et ça demande de la chance et de la bénédiction de Dieu.
Une situation difficile car certains patrons vont jusqu’à vendre des biens de valeur afin de se procureur une unité de production, explique Pierre Kalonda Sadiki
Dans notre ville de Kalemie , il n’existe pas d’entreprises. Si l’on ne se livre pas au commerce ou à l’agriculture, il ne vous reste que la pêche sur le lac Tanganyika. Imaginez quelqu’un qui vend sa maison pour avoir un capital et monter son unité de pêche. Il espère réaliser des bénéfices dans un bref délai mais ce n’est plus le cas.
Les pêcheurs de Kalemie voudraient voir leur secteur d’activité être appuyé tant par le gouvernement Congolais que par les institutions ou organisations internationales à l’instar de l’agriculture.