Lubumbashi : opacité dans la gestion de taxe immondice
Lubumbashi, deuxième ville de la RDC, la WANTASHI qui veut dire la première a pratiquement perdu sa réputation d’antan de Ville propre. Des immondices sont encore visibles à plusieurs endroits malgré le travail d’évacuation réalisé par les brigades d’assainissement.
On aperçoit ces immondices vers le marché Mzee Laurent Kabila, à la place foyer social de la Katuba ou encore vers la gare centrale. Ils sont constitués principalement des déchets ménagers et des déchets plastiques. Et lorsqu’il pleut, tous les caniveaux de la ville sont bouchés et les eaux ruissèlent sur la chaussée emportant avec elles tous les détritus.
Pour Ghislain Lubaba, maire de la ville, il faut des ressources financières conséquentes pour assainir la ville. Le maire de la ville a fait cette déclaration en marge de la 8e conférence des maires des pays des Grands Lacs tenue à Lubumbashi du 05 au 07 mars 2020. « Si nous devons enlever des immondices partout, il faut des engins, des tractopelles. Et pour avoir des tractopelles, il faut de l’argent. Nous avons des camions mais il faut de l’entretien, il faut du carburant ».
Plus d’une année après, et d’un ton nerveux, le maire de Lubumbashi se dit encore dépourvu de moyens de sa politique en matière d’assainissement. Il interpelle ses administrés :« La ville compte plus de 5 millions d’habitants. Mais combien payent les taxes ? Il y a peut -être seulement 500 personnes qui s’acquittent de leur devoir civique. Qu’est- ce qu’on peut faire avec si peu d’argent »
Si peu d’argent pourtant la mairie de Lubumbashi perçoit mensuellement la taxe pour l’assainissement de la ville. Les opérateurs économiques, de plus petit au plus grand, tous sont soumis à cette obligation. Des sources proches de l’hôtel de ville indiquent que le taux de la taxe sur l’assainissement varie entre 30 et plus des 100 dollars pour les détenteurs des magasins au centre-ville. Pour les grandes surfaces telles que les supermarchés, elle est fixée à 100 dollars. Nos sources assurent également que cette taxe est la mieux collectée par la mairie. Mais où va tout l’argent ? S’interroge Irène Ngongo, team leader adjoint de la thématique bonne gouvernance au cadre de concertation de la société civile Haut Katanga. Pour elle, la mairie de Lubumbashi est incapable de retracer l’argent perçu pour la taxe immondice. « Des soupçons de corruption pèsent sur le Maire de la ville sur cette taxe ; nos sources indiquent que cet argent est partagé entre le maire et le coordonnateur de l’environnement. Voilà qui justifie le silence du service de l’environnement qui est sensé évacuer les immondices dans la ville ».
Contacté, le coordonnateur urbain de l’environnement affirme qu’il ne souhaite pas s’exprimer sur la question. « Vous avez échangé avec mon chef qui est le maire de la ville je préfère ne pas m’exprimer ».
De son coté, sans donner des chiffres précises, le maire de la ville explique que la mairie a besoin des moyens financiers pour bien mener les travaux d’assainissement et d’évacuation des immondices dans sa juridiction. Pour lui, la croissance démographique, la mauvaise gestion des déchets et autres détritus et le manque des matériels d’assainissement sont à la base de l’insalubrité criante dans sa juridiction.
Et pourtant l’article 1er de l’arrêté urbain instituant la taxe immondice précise : « il est établi, pour l’exercice 2020-2021, une taxe communale annuelle sur la collecte et le traitement des déchets ménagers et ménagers assimilés. Cette taxe vise l’enlèvement des déchets ménagers et ménagers assimilés », explique Jean-Luc Kayoko, team leader thématique bonne gouvernance au cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga.
Pour tenter de sauver l’image de la ville à la veille de la conférence des maires des pays des Grands Lacs, le gouvernement provincial du Haut Katanga a décaissé le montant des 100 milles dollars en vue d’appuyer les actions d’entretien de la ville. Voilà qui a donné un coup de pouce aux travaux d’évacuation des immondices observés ces derniers jours.
Là aussi, les moyens d’évacuation utilisés sont encore rudimentaires (la brigade d’assainissement utilise des brouettes et des tricycles). Pourtant des sources proches du gouvernement provincial affirment que c’est pour la seconde fois depuis 2019 que la province vient en appui à la mairie pour l’assainissement de la ville. Elle avait déjà décaissé il y a quelques mois 50 milles dollars. Mais Lubumbashi Wantashi n’a toujours pas revêtu sa plus belle robe.