RDC-Proposition de loi Mbau, Me Sylvie Nkolomomoni de l’ONG LAVOS, estime que c’est un recul pour les droits des femmes
Maitre Sylvie Nkolomoni de l’ONG la voix du savoir(LAVOS) estime que la proposition de loi Mbau qui modifie 18 articles du code de la famille, est un recul de la condition des femmes en RDC. Au cours d’un atelier organisé ce mercredi 18 août par son association « La voix du savoir », auquel ont pris part plusieurs femmes travaillant dans la promotion des droits des femmes au Haut-Katanga, a tenté de pousser très loin la réflexion sur le sujet.
En analysant le projet de loi, « les femmes restent sceptiques sur certaines dispositions », a souligné la coordinatrice de « la voix du savoir », Sylvie Nkolomonie dans son discours.
Selon elle, l’objectif de l’atelier a été de faire connaître aux femmes le contenu de cette proposition de loi, d’examiner ce que le législateur avait prévu pour le code de 1987, quelles étaient les innovations apportées par le code révisé en 2016 et d’analyser la proposition de Mbau, s’il y a des avancées ou s’il y a des dispositions qui pourraient affecter les droits des femmes dans le pays. Au lieu de se contenter de faire des commentaires sur les réseaux sociaux.
Cependant, les femmes présentes à l’atelier ont exprimé des inquiétudes quant aux avancées de la nouvelle proposition. « Nous pensons qu’il y a des dispositions qui exposent les femmes, par rapport aux avancées déjà réalisées. Par exemple, l’article qui parle du choix de la résidence. La loi de 1987 disait que : la femme devait suivre son mari partout. Mais l’innovation apportée par celle de 2016, dit clairement qu’il doit y avoir une attente au sein de la famille pour choisir la résidence », a souligné l’organisatrice.
Sylvie Nkolomoni estime que cette proposition de loi ramène la femme dans le passé, avant le code de 1987, « où il n’y a pas d’attente, ni d’intérêt du ménage qui prime ». Et de souligner : « avec la loi révisée de 2016, les deux conjoints pouvaient se mettre d’accord sur le choix de la résidence. Si le député Mbau veut nous ramener pour prouver 5 fois plus que ce que la femme peut gagner de ce que l’homme peut ramener, c’est pour nous faire revenir en arrière », soutient-elle.
À en croire Sylvie Nkolomoni, sur la question de la disposition sur les fiançailles, « les femmes pensent que ce n’est pas au législateur d’organiser les fiançailles. Il faut le laisser à la coutume, comme c’est le cas jusqu’à présent ».
De plus, selon la disposition : « les époux se séparent par consentement mutuel », de ce fait selon elle, les femmes disent que cette disposition ne protège pas la femme. Elle risque même d’affaiblir l’union et le mariage.
« Le législateur de 1987 et de 2016, ont voulu protéger le mariage, sachant que la famille est la base de la société. La proposition Mbau affaiblit la femme en cas de divorce. En cas de divorce, on ne peut pas se contenter de simples accords. L’homme peut menacer sa femme, avoir son consentement pour se séparer. Si le législateur a voulu qu’on passe devant l’officier de l’état civil avec comme procédure de conciliation, c’est pour sauver l’union. Avec cette nouvelle proposition, nous pensons que c’est un moyen d’exposer les femmes au foyer » commente la coordinatrice de « la voix du savoir ».
De plus, portant la voix des femmes, elle rappelle que dans les milieux féminins, il n’est pas acceptable qu’une femme puisse traîner son mari devant les tribunaux et qu’elle revienne quand
même pour devenir sa femme. « Toutes les dispositions qui ont tendance à amener les femmes à aller devant un tribunal, ne sont pas des dispositions que nous avons encouragées lors de cet atelier de réflexion. Nous avons pensé qu’il faut protéger le mariage, comme cellule de base d’une famille », a conclu madame Nkolomoni.