Lubumbashi : le bois énergie, avantage pour les populations et menace pour la forêt
Moins de 10% de la population de Lubumbashi ont accès à l’électricité. Conséquence, plus de 90% de ménages recourent au charbon de bois et bois de chauffe pour le besoin en énergie de cuisson. L’exploitation et la commercialisation de ce bois énergie qui génère plus de cent septante cinq milles emplois selon l’étude du CIRAD menace les forêts. Les experts préconisent des techniques et pratiques pour concilier à la fois le besoin énergétique et les intérêts économiques des populations avec la protection des forêts. Il s’agit notamment du reboisement, de l’utilisation de foyers améliorés et de la carbonisation améliorée. Des initiatives qui peinent à être mis en œuvre à travers le pays faute de l’implication de l’Etat.
A Lubumbashi, des habitants coupent du bois dans la forêt sans se soucier que cette ressource vienne à tarir un jour. Richard Kabamba est l’un d’eux. Depuis plus de 30 ans, il est exploitant et négociant du bois de chauffe et du charbon de bois. « Au début, nous trouvions des arbres appropriés à seulement 5 km de la ville Aujourd’hui, la distance est, en moyenne, de l’ordre de 30 km. Et la forêt ne fait que reculer », reconnait-il.
Les exploitants du bois, que cela soit pour le bois de chauffe, le charbon de bois ou le bois d’œuvre, ne coupent pas n’importe quel arbre. Selon l’usage, il y a des espèces appropriées, et il faut que l’arbre soit bien mur. Ainsi, ils sautent des petits arbres pour en rechercher des spécimens en pleine forêt. Spécimens qui deviennent de plus en plus rares car ne se reconstituant pas au même rythme que la coupe. « Les gros arbres deviennent de plus en plus rare dans le foret nous sommes obligés de parcourir des grands kilomètres pour en trouver » Rapporte Chalwe un exploitant du bois sur la route Kasenga.
Néanmoins, pour ces exploitants, le reboisement n’est pas une priorité car selon eux les arbres poussent naturellement. Il n’y a pas intérêt à reboiser, se défend Jolie Mbeya vendeuse des charbons de bois. « Nous constatons seulement qu’ils sont entrain de pousser », ajoute-t-elle.
Augustin Nge professeur à la faculté des sciences agronomiques de l’université de Lubumbashi et associé à l’étude filières bois-énergie du CIRAD reconnait pour sa part que l’exploitation du bois a un impact négatif sur l’environnement. « De façon globale la filière charbon des bois sur le plan social a beaucoup plus d’avantages en terme des revenus et en termes d’amélioration des conditions de vie parce que l’étude a démontré que avec les revenus issues du charbons des bois les ménages peuvent résoudre certains problèmes qui se posent mais sur le plan environnementale l’impact est un peu plus néfaste parce que ça conduit à la déforestation aussi longtemps que la consommation est supérieure à la vitesse même de la régénération de la foret ».
Il invite les autorités à capitaliser les acquis positifs de l’étude pour voir dans quelle mesure on peut améliorer les revenus de ces ménages et atténuer les effets néfastes de la production du bois énergie comme la déforestation, le gaz à effet de serre qui contribue au changement climatique.
Il préconise des pistes de solution comme l’utilisation des foyers améliorés et des gaz qui actuellement contribuent moins au changement climatique pour les consommateurs « Avec les foyers améliorés vous pouvez réduire la consommation du bois énergie jusqu’à 30% voire 50% et sur le plan de la santé il y’a moins de pollution en utilisant les foyers améliorés appropriés ».
Au niveau de la production, Augustin Nge propose des plantations à croissances très rapides, l’amélioration du rendement à la carbonisation. Il propose également le développement d’autres formes des combustibles liquides, solides ou gazeux qui peuvent contribuer tant soit peu à l’amélioration de la situation.
De son coté, l’observatoire des forets claire de la République Démocratique du Congo se dit prêt à capitaliser les données présentées par le CIRAD afin de les intégrer dans un dispositif de stockage car selon son directeur général Professeur ingénieur François Munyemba Nkakumbi,les résultats qui arrivent aujourd’hui c’est sont les données de demain.« Une étude sur les filières bois énergies vaut son pesant d’or parce que ces ressources sont sous valorisées aujourd’hui dans la plupart des cas la foret est exploitée mais la population locale ne tire pas réellement profit, raison pour laquelle l’étude de la filière bois énergie qui vient d’être développé vient de nous donner une idée claire de combien ça vaut, qu’est ce qu’on peut gagner, le type d’emploi qu’on peut créer et comment on peut capitaliser ces ressources pour le bien des communautés locales ».
Selon l’étude menée par le Centre de coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), la consommation globale en bois-énergie de Lubumbashi est estimée à 2,87millions de tonnes d’équivalent bois2 pour une population estimée à 2,281 millions d’habitants. L’étude précise qu’en produisant du charbon de bois, on perd 87 % de la masse du bois.