Lubumbashi: Poursuite du procès sur le viol collectif
Sixième audience ce lundi 13 décembre 2021 dans le procès qui oppose le ministère public aux prévenus accusés non seulement de viol collectif mais aussi d’incendies criminels des bâtiments de la prison et de tentative d’évasion. Ces accusés risquent plus de 20 ans de prison chacun .
12 heures, le procès s’ouvre sous un avocatier dans l’enceinte de la cour de la prison de Kasapa .Sur les 57 femmes qui auraient été violées, 20 se sont constituées parties civiles. A l’audience de ce lundi , 17 sont physiquement présentes, toutes voilées et identifiées par chacune par un code pour des raisons de sécurité. Elles sont assistées par un collectif d’avocats. L’une d’elle, identifié comme code 17, se présente devant le tribunal avec un bébé de près de 4 mois . Pleine d’émotion et larmes aux yeux, elle déclare . ‘’J’ai eu ce bébé à la suite du viol. J’ai été abusée par plusieurs prisonniers, dix ou vingt….Je ne sais pas . Mon enfant ne connaitra pas son papa…’’
Un autre témoignage attire l’attention du tribunal ..Celui d’une mineure d’environ 17 ans, elle porte le code 8. ‘’ Le soir du 25 septembre 2020, alors que les émeutes éclatent, je me suis retrouvée devant trois prisonniers. Ils m’ont tous violée, l’un d’eux m’a menacée avec une machette. J’ai été la première à subir le viol ce soir-là. Ensuite elle se retourne du côté des accusés et pointe du doigt les trois présumés auteurs .
Le président du tribunal reprend la parole et interroge les accusés :Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? A tour de rôle, chacun répond, certains avec un sourire ‘’ non, je n’ai violé personne. C’est un montage’’.
En outre, les plaignantes ont une autre préoccupation …. leur état sérologique après le viol. Toutes affirment avoir passé des examens médicaux. ‘’Qui devait communiquer les résultats aux plaignantes ? MSF qui s’était chargée des consultations ou le responsable du centre de santé de la prison Kasapa ? demande le tribunal. Comparaissant en tant que renseignant, le représentant de l’organisation Médecins sans frontières France et le médecin directeur à la prison de Kasapa se rejettent la responsabilité. Enfin docteur Lenge Mwana Bute, médecin directeur de la prison affirme avoir reçu de son partenaire un rapport médical. Celui-ci atteste que certaines prisonnières ont contracté le VIH Sida à la suite, d’autres sont tombées enceintes. Un rapport médical que le médecin a du déposer au tribunal pendant l’audience.
Après cinq heures d’audience, le Tribunal de Grande instance siégeant en chambre foraine à la prison de Kasapa déclare clos l’instruction du dossier .La prochaine audience est fixée au 20 Décembre. Elle sera consacrée au réquisitoire du ministère public et à la plaidoirie.
Pour rappel, le viol collectif des femmes détenues de la prison de Kasapa s’était produit le 25 et 26 septembre 2020 lors du soulèvement des prisonniers.