Lualaba- Busanga : 500 enfants privés de leur droit à l’éducation
Ils sont estimés à plus de 500, les enfants qui sont privés d’école depuis le début de l’année scolaire 2021-2022. Ces enfants dont les parents sont victimes de la délocalisation lors de la construction du barrage hydroélectrique de Busanga. Malgré la gratuité de l’enseignement primaire, leur droit à l’éducation est bafoué.
Bondo*(Témoignage anonyme) est un jeune garçon de 12 ans, il se trouve à Makomeno 3 dans la province du Lualaba , son village est désormais enclavé par les eaux du bassin de retenue du barrage hydroélectrique de Busanga. Il est 10 heures de ce mardi 13 décembre, lui et ses deux copains tissent les filets de pêche. Depuis le début de l’année scolaire, il ne peut pas aller à l’école :« je fabrique des filets de pêche depuis qu’on avait délocalisé ma maman, nous ne mangeons pas bien, je n’étudie pas, je suis devenu illettré. » Explique-t-il. Un peu plus loin, c’est un autre garçon de 8 ans qui se promène près des eaux dorénavant devenues un lac, lui aussi, il n’étudie pas. Il explique que beaucoup d’enfants se trouvent au lac où ils passent leur journée à jouer.
500 enfants ..
Le nombre d’enfants qui ne fréquentent pas l’école est estimé à 500, selon les estimations du représentant de Communauté, victime de la construction du barrage de Busanga Paulin Kapumba. « Ici où nous vivons, il n’y a pas d’école « . Explique le petit Bondo. Des femmes rencontrées au lac en train de faire leur lessive et pêcher se plaignent également du fait qu’il n’y a aucune école dans le parage, leurs enfants sont donc sacrifiés. Dans cette partie ou jadis, se trouvaient le village 48 heures, Monga Lubonza et Kamalenge , la gratuité scolaire n’a aucune signification alors que c’est un droit établi par la constitution de la RDC en son article 43 qui dispose : » Toute personne a droit à l’éducation… L’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics.«
Selon Paulin Kapumba , la première école publique se trouve à 12 km dans le groupement Wakitingi dans le territoire de Lubudi . » Nous sommes démunis et nous n’avons pas les moyens pour payer les transports aux enfants, du fait des eaux, il faut au moins 10 000 FC (5$) par jour , c’est qui est énorme pour nous ».
Droit à l’éducation
Il faut dire que cette situation met en mal de la mise en œuvre de ce droit fondamental de ces enfants, car selon l’Observation générale nº 13 sur l’application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, voici quelques critères de la réalisation de ce droit :
Le droit à l’éducation implique que les États doivent mettre en place des établissements d’enseignement et des programmes éducatifs en nombre suffisant à l’intérieur de la juridiction de l’état partie. Les bâtiments ou autres structures offrant un abri contre les éléments naturels, des toilettes tant pour les filles que les garçons, un approvisionnement en eau potable, des enseignants ayant reçu une formation et percevant des salaires compétitifs sur le plan intérieur, des matériels pédagogiques.
Ce qui n’est pas le cas dans cette partie de la province du Lualaba ou il n’y pas d’écoles moins encore des enseignants pour prendre en charge les enfants. Ce qui renforce des inégalités et la pauvreté.