Réquisitoire procès viol des femmes à la Kasapa: 20 ans de prison aux auteurs
Vingt ans de prison et 800 mille Francs Congolais, soit 400 dollars, c’est le réquisitoire prononcé au cours de l’audience de ce lundi à l’encontre des 10 prisonniers accusés de viol collectif sur des femmes codétenues de la prison de Kasapa. Le tribunal de grande instance poursuit ses audiences en chambre foraine à la prison de Kasapa de Lubumbashi. Récit de Denise Maheho qui a assisté à l’audience.
L’audience débute à 10 heures, une nouvelle fois sous un avocatier dans la cour de la prison de Kasapa. Elle est consacrée à la plaidoirie au réquisitoire du ministère public. 16 plaignantes sont présentes, voilées comme l’exigent la loi. Elles veulent connaitre l’issue de ce procès qu’elles attendent depuis plus d’une année. L’audience dure 5 heures. Maitre Alain Sumbwa, président du collectif des avocats des plaignantes, le premier à prendre la parole commence par rappeler les faits. « Nos clientes ont subi le viol avec violence et menace. C’est un crime organisé car le viol a été commis par un groupe des détenus bien structurée » déclare-t-il devant le tribunal. Il explique également que les femmes ont connu un préjudice énorme à la suite du viol. C’est notamment des grossesses forcées, d’autres ont contracté les infections sexuellement transmissibles et même le VIH Sida, d’autres souffrent jusqu’à ce jour des lésions, d’autres encore risquent de perdre leur mariage.
Au vu de la gravité des faits, le collectif des avocats des plaignantes suggère même au tribunal de grande instance la requalification de l’infraction de viol pour parler de crime contre l’humanité conformément au Statut de Rome. A l’issue de leur plaidoirie, ces avocats réclament des prévenus la somme d’un million de dollars à titre des dommages et intérêts en faveur de leurs clientes.
Le magistrat Koy Limombwe, en qualité du ministère public, soutient l’accusation. « Ces prévenus ont non seulement incendié volontairement des bâtiments de la prison et tenté de s’évader mais ils sont auteurs du viol avec violences sur deux mineures et sur 45 femmes adulte », déclare-t-il devant le tribunal. Il précise qu’hormis les femmes qui se sont constituées partie civile dans ce procès, d’autres survivantes de viol au nombre de 21 n’ont pas pu se présente devant le tribunal faute de moyen.
Et parmi les accusés, un nom revient souvent, celui du prévenu qui se fait appelé ‘’Juge de la mort’’. Il serait le leader du groupe des auteurs du viol collectif selon le ministère public. Lui et la plupart de ses coaccusés ont déjà été condamné pour d’autres infractions à des peines allant jusqu’à plus de dix ans. Ainsi dans son réquisitoire, le ministère public sollicite du tribunal une peine maximale de 20 ans de prison pour chaque prévenu et une amande de 800 mille francs Congolais.
Les accusés quant à eux, rejettent en bloc toutes les infractions mises à leur charge que ce soit le viol collectif, l’incendie volontaire ou encore la tentative d’évasion. Pour leur part, les avocats de la défense conduits par maitre Médard Diba reconnaissent qu’il y a eu viol mais « il n’aurait pas été commis par nos clients » car, déclarent-ils « aucun élément ne prouve leur culpabilité », fin de citation. Tous les dix accusés plaident ainsi non coupable et demandent leur acquittement. L’affaire a été prise en délibéré. Le jugement est attendu dans le délai de la loi soit dans plus ou moins dix jours.