Lubumbashi: pas de sécurisation foncière des petits agriculteurs

Lubumbashi: pas de sécurisation foncière des  petits agriculteurs

Dans la région du Katanga au Sud de la RDC, les paysans sont de plus en plus dépossédés de leurs terres agricoles. Les terres qu’ils exploitent leur sont octroyées de manière coutumière et ancestrale. Mais aujourd’hui de riches fermiers ou compagnies minières, rachètent ces terrains, selon un cadre légal moderne avec pour conséquences, frustrations et colère de ces petits paysans dépossédés de leur moyen de subsistance. C’est l’histoire d’un combat inégal entre « le pot de terre et le pot de fer »

Au village Nshinga  à une trentaine des kilomètres au Sud de Lubumbashi,  un millier d’habitants vit essentiellement de la culture du maïs. Pour obtenir un lopin de terre, il suffit d’adresser  une simple demande verbale au chef du village . Selon Baudouin Nsakania notable de Nshinga,’’ Tout habitant recensé dans le village et qui sollicite un espace à cultiver , le reçoit gratuitement. Ça peut être  1.2.3.4 ou 5 hectares. L’attribution des terres à cultiver se fait selon la coutume ‘’

Cette manière d’attribuer la terre, sans document foncier officiel, n’a plus la faveur des paysans… Il y a quelques semaines, 70 agriculteurs du village  de Nshinga se sont retrouvés dépossédés de leurs champs par le service du cadastre. La concession  a été vendue à un grand fermier, sans aucune indemnité pour les cultivateurs.

Pour madame Anto Omba , épouse du  chef du village  qui fait partie des victimes, a ainsi perdu ses 3 hectares où elle cultivait maïs et arbres fruitiers… ‘’ C’est devenu compliqué’’ explique cette femme de plus de 40 ans. ‘’ Ou allons-nous cultiver ? Il y a quelques jours, un monsieur a acheté  nos terres et il a obtenu des documents cadastraux. Nous n’avons nulle part où aller. Certains  paysans ont  même décidé d’exploiter la terre en dessous de la ligne électrique haute tension avec tous les risques….. ‘’

Pourtant, le code agricole congolais prévoit bien un cadre légal. D’un côté, les députés provinciaux  votent un édit un document officiel qui recense les terres agricoles. Et de leur côté, les gouverneurs de provinces doivent signer un arrêté créant le cadastre agricole. Grâce à ces deux instruments, les paysans devraient être protégés.

Reste que l’attribution coutumière n’est pas reconnue, faute de délivrance d’un document écrit. Pour sa part, le bureau diocésain de développement, le « BDD », une structure de l’église catholique à Lubumbashi a pris la  défense des cultivateurs  et tire la sonnette d’alarme. Il s’est engagé à mener  un plaidoyer auprès des autorités coutumières.

’Les chefs  coutumiers ont accepté de délivrer aux paysans une fiche de reconnaissance d’occupation des concessions agricoles. En cas de conflit foncier, le paysan peut faire valoir cette fiche. Il ne s’agit  pas d’un titre de propriété mais c’est un document qui sécurise le paysan’’ explique madame  Lucienne Buhendwa,  une des responsables du BDD… Pour l’heure, seul le chef coutumier Bukanda  dans le territoire de Kipushi a commencé à délivré aux agriculteurs la fiche de reconnaissance d’occupation de terre.

Et pour aller plus loin dans l’intérêt des petits paysans, le BDD prépare  une proposition de texte pour la sécurisation foncière des terres agricoles, texte à soumettre  à l’assemblée provinciale du  Haut Katanga.