Mines dans le Lualaba :« De mal en pis ? »

C’est depuis le 25 mai 2022 que la vice-gouverneure du Lualaba a procédé  à la nomination d’un nouveau Ministre des Mines. C’était lors du dernier  remaniement de l’exécutif provincial . De l’ancienne équipe, Fifi Masuka n’a laissé que deux anciens ministres de l’ère Richard Muyej Mangez Mans. . Au-delà de la controverse suscitée par ce réaménagement ,la question qui se pose est de savoir ce qui va changer, particulièrement dans le domaine minier.

S’il y  a un secteur qui fait couler encre et salive ,voire le sang dans le Lualaba ,c’est bien celui des mines . Dans ce qui est devenu l’eldorado congolais ,se jouent des sagas où  se mêlent politique ,affairisme ,arnaques ,fraude et violences de toutes sortes dans les mines . Pour cette raison ,toute l’attention se porte sur le nouveau ministre provincial . La question est de savoir ce que l’homme choisit pour jouer ce rôle , peut faire dans ce capharnaüm.

Dans cette province riche en cobalt et en cuivre et d’autres minerais , règne un véritable flou. Celui-ci ne permet pas de distinguer qui sont les véritables  exploitants miniers ,surtout dans le domaine artisanal . Chinois et indo-pakistanais jouent à cache-cache avec le fisc. Et c’est ,tout en foulant au pied les règles élémentaires de l’exploitation minière . La pollution, la fraude  ,l’emploi des mineurs ,se sont tellement généralisés ,qu’ils passent pour de simples faits divers. À leur service , les asiatiques, emploient des Congolais qui leur servent de prêtes noms , dans des coopératives créées de toutes pièces Les financements se transportent dans des mallettes . L’argent, souvent liquide,  passe rarement par les banques . Il est  donc difficile à tracer. De là à parler de blanchiment  ,il n’y a qu’un pas ,que plusieurs observateurs  avertis ,ont déjà franchi.

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Un nouveau Ministre, une nouvelle page ?

Jacques Kaumba ,le tout nouveau ministre provincial des Mines ,vient de ce milieu où les affaires riment peu avec  transparence. Il est  réputé propriétaire d’une importante coopérative présente dans plusieurs carrières minières du Lualaba et particulièrement vers le village Kawama . Ses proches  se félicitent pour sa nomination. Ainsi, ils  assurent que c’est un homme intègre . Ils mettent également en avant la bonne organisation de sa coopérative et surtout  ce qu’ils appellent , son profond  respect des règles établies pour l’exploitation minière . Ce qui d’après eux ,lui a valu d’être désigné responsable de la filière artisanat au sein de la plateforme de concertation de l’Investissement Durable Au Katanga ,IDAK en sigle.

La société civile du Lualaba qui mène de longue date un combat acharné pour la transparence dans le domaine minier dans le Lualaba  , voit cela d’un autre œil. Elle veut  savoir si le nouveau ministre, va se dessaisir de sa coopérative. Mais de plus savoir  à qui il en confierait  la gestion . Il a promis de donner une réponse ,sans préciser quand . Ce que craint ainsi  la Société Civile , c’est un conflit d’intérêt. Car en en tant qu’opérateur minier ,il risque  d’être juge et partie.

Dans les couloirs de cette structure citoyenne , se  dit à voix basse « qu’un loup est entré dans la bergerie ». Le ton pourrait bien monter dans les jours à venir ,si le gouvernement provincial du Lualaba ,ne donne pas de gages que son ministre provincial des Mines ,ne profitera pas ainsi de sa position ,pour faire main basse sur des gisements et réaliser ainsi  des profits juteux .

Tous des pilleurs en col blanc ?

Dans la ville de Kolwezi capitale du Lualaba , on assure qu’ils sont nombreux à avoir de longues dents et des griffes pointues au sein du gouvernement provincial . Ici, il se dit que la plupart des autorités, si pas toutes, auraient chacune une coopérative minière. Cette situation, non conforme à la loi, a des ramifications jusqu’à Kinshasa la capitale. Assurent des journalistes qui suivent de près l’exploitation minière . Selon eux, plusieurs décideurs au niveau national et des membres de familles connues, sont  parmi ceux qui possèdent ces coopératives. Et de plus, elles agissent en toute illégalité.

Dans ces conditions, il n’est pas certain que le nouveau  Ministre provincial des Mines, marquera  ainsi d’une empreinte indélébile, son passage dans ce ministère clé. À moins d’un spectaculaire retournement de situation ,il n’est pas sûr que ce sera lui qui va nettoyer  les écuries d’Augias . Pour emprunter cette expression chère au célèbre  général Jansens il y a fort à parier ,qu’âpres le remaniement, égale avant le remaniement. Il y en a même qui s’attendent au pire.

PAUL PIERRE K