Lubumbashi: l’élagage du Kapokier, les Lushois regrettent

Lubumbashi: l’élagage du Kapokier, les Lushois regrettent

L’élagage du Kapokier, un arbre centenaire se trouvant dans l’enceinte du lycée Twendelee,  lundi 17 avril dernier soulève des réactions à Lubumbashi. Pour plusieurs Lushois ce patrimoine de l’Etat fait partie de l’histoire et de l’identité de la ville, d’où son importance.  Ainsi, beaucoup s’interrogent sur les raisons de l’elagage de cet arbre.

Crispin, propriétaire d’une librairie se trouvant juste à quelques mètres du Kapokier, passe chaque jour devant cet arbre avant d’arriver à son bureau. Il regrette l’élagage de cette plante. Car,  pour lui, cet arbre constitue non seulement un brise-vent pour la protection du bâtiment de l’école, mais aussi un abri des oiseaux comme les chauves sourires et les corbeaux

« Ce Kapokier est vieux de plus de cent ans. Il a existé avant la construction de la ville de Lubumbashi. Coupé cet arbre , c’est effacé notre histoire et notre identité. Que dirons-nous à nos enfants ? « , s’est-il interrogé.

Pour la coordination provinciale des écoles conventionnées catholiques, le Kapokier présentait un danger pour les élèves et pour toute la population. Selon un des agents de la coordination qui a recueilli l’anonymat, plusieurs branches sont mortes. Elles tombent de soi sans aviser. « Moi-même j’ai assisté à une scène un jour. C’était l’heure de la sortie,  les élèves quittaient la cour. Arrivée  devant le Kapokier, une branche était tombée au milieu de deux groupes des écoliers. Heureusement, cela n’avait pas touché les enfants ». Voila pourquoi, la coordination provinciale des écoles conventionnées catholiques a écrit à la Mairie pour demander l’élagage des branches sèches du Kapokier, explique la même source de la coordination.

«  L’arbre se trouve dans la cour du lycée. Mais, c’est un patrimoine de l’Etat depuis son couronnement en 2006 par l’ancien maire de la ville Kaseba Makunko. L’école n’a pas le pouvoir de prendre la décision de l’élaguer. Voilà pourquoi nous avons recouru aux autorités compétentes. Quelque temps après notre demande, la Mairie a envoyé ses agents. Ces derniers ont coupé quelques branches. La grande branche est tombée sur une partie du bâtiment de l’école maternelle. ».

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L’arbre ne présentait pas le danger

Cependant, le professeur Jean-Pierre Ndjibu regrette la manière dont les agents de l’environnement ont procédé à l’élagage de l’arbre. Il en souligne qu’il n’y avait pas de risques, mais on en a provoqué . Selon lui,  les Kapokier est un arbre très résistant. Il ne tombe pas facilement, insiste-t-il. S’il y a des branches sèches qui demandent leurs élagages, le service urbain de l’environnement devait faire appel aux experts. Ainsi, ces derniers devaient déterminer les parties à élaguer, dit-il. Et il ajoute:

« Il faut savoir qu’il y a une certaine catégorie d’espèce considérée comme des arbres mystiques. Parmi cette espèce, on note aussi Le Kapokier. Une des ses  caractéristiques , c’est qu’Il dure longtemps, mais une fois coupée, il moisit vite. Il peut atteindre 60 mètres de hauteur. Ce sont des plantes qu’on ne coupe pas au hasard, mais on doit se renseigner auprès des scientifiques. Ces derniers vont indiquer ce qu’il faut faire. Ce qui est vrai, ce qu’il  y a de l’espoir  que ça va pousser, malgré la  manière dont on a élagué, il y a des parties qu’on a laissées et qui ont la vie. ».

Pour sa part, Maître Marcel Yabili, pense que, c’est un grand scandale. « Parce que ce sont des décisions qui ne peuvent pas être prises comme ça à la légère. Il faut quand même que des spécialistes aient donné leur accord et surtout au niveau de la Mairie. La Mairie ne peut pas entreprendre cet abattage. Parce que ces arbres sont protégés par des décisions administratives« .

Du côté du service urbain de l’environnement, le coordinateur urbain Alfred Mupanda Mwewa a indiqué que l’élagage du Kapokier de Twendelee entre dans la campagne lancée mardi dernier dans la ville de Lubumbashi. Cette campagne vise l’élagage et l’abattage de 172 vieux arbres présentant le danger pour la population de Lubumbashi. Sur les 172 arbres identifiés, 40 seront coupés, une dizaine seront abattus et les restes seront élagués. Ainsi, l’opération a commencé par le Kapokier. Le coordinateur urbain de l’environnement assure toutefois que des mesures seront pris pour sécuriser cet arbre centenaire .  » Nous n’allons l’abattre. Par contre, nous allons le soigner pour qu’il rajeunisse. »

Il faut dire que le Kapokier,  bien que couronné et devenue un patrimoine de l’Etat sous la demande de Maître Yabili. Cet arbre a un sens mystique dans plusieurs civilisations. Certaines l’appellent « bois diable ».