FAUX : L’OMS ne recommande pas la masturbation, la pornographie ni les relations sexuelles chez les enfants
Ces allégations résultent d’une interprétation erronée des directives de l’Organisation mondiale de la santé OMS, sur l’Éducation complète à la sexualité, dans le cadre de l’Agenda 2030.
Dans une vidéo largement partagée dans les groupes WhatsApp, une présentatrice parle des nouvelles normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’éducation sexuelle des jeunes et des adolescents. Celle-ci explique que l’OMS préconise la masturbation et les relations sexuelles chez les enfants, dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations unies sur le développement durable. Cette allégation est fausse, d’après les vérifications de La Guardia Magazine.
Nos recherches nous ont permis de remonter à la source de la vidéo, qui a été publiée par KLA TV. La vidéo originale, publiée en allemand, a été doublée en plusieurs autres langues comme l’espagnol et le français, comme on peut le remarquer sur ces reprises sur Facebook par Rosana Marques et La Vérité de ce Monde.
Sur Facebook, on peut lire en légende de la publication faite par La Vérité de ce Monde : « OMS et ONU – Pédophiles, ne touchez pas aux enfants ». On remarque que cette légende est la même que le message qui s’affiche au démarrage de la lecture de la vidéo.
La vidéo dit en substance : « L’Organisation mondiale de la santé, OMS, et les Nations unies, ONU, donnent pour instruction à toutes les écoles maternelles et primaires du monde d’enseigner la masturbation aux jeunes enfants. Elles conseillent aux enfants d’utiliser la pornographie et distribuent des affiches dans les écoles, encourageant les enfants à avoir des relations homosexuelles avec leurs camarades de classe ».
L’Avis de l’OMS
La Guardia Magazine a interrogé Marie Kikoo Bora, cheffe du Bureau OMS Katanga, qui affirme que ces allégations sont fausses. « L’OMS ne peut pas faire ces genres de recommandations », explique-t-elle.
De fait, il s’agit d’une mauvaise interprétation des recommandations de l’OMS, quant à l’Éducation complète à la sexualité (ECS).
Pour l’OMS, l’éducation sexuelle complète n’a pas pour objectif d’encourager les comportements à risque. « S’ils sont bien conçus et bien dispensés, les programmes d’éducation à la sexualité aident à prendre des décisions positives en matière de santé sexuelle », souligne l’OMS, qui ajoute en outre que les données disponibles (en anglais) indiquent qu’il y a davantage de chances pour que les jeunes deviennent sexuellement actifs plus tard – et lorsqu’ils ont des relations sexuelles, pour qu’ils aient des rapports protégés – s’ils sont mieux informés sur la sexualité, les relations sexuelles et leurs droits.
Quant au prétendu encouragement à la masturbation, l’organisation est formelle : « L’ECS ne fait pas la promotion de la masturbation. Cependant, dans ses documents, l’OMS reconnaît que les enfants commencent à explorer leur corps par la vue et le toucher à un âge relativement précoce. Il s’agit d’une observation et non d’une recommandation ».
La théorie de Sigmund
On retrouve cette observation dans la théorie du développement de la personnalité de Sigmund Freud, notamment à l’étape de la phase phallique, qui se produit généralement entre l’âge de 4 et 7 ans. D’après Freud, la phase phallique se focalise sur la région génitale, spécifiquement sur le pénis pour les garçons et sur le clitoris pour les filles. À ce stade, les enfants commencent à prendre conscience de leurs organes génitaux et de leurs distinctions. Cette prise de conscience passe notamment par la découverte, le toucher, etc. C’est également à cette période que le complexe d’Œdipe, l’une des notions les plus célèbres de Freud, prend forme. Freud développe en outre que les expériences de la phase phallique peuvent avoir un impact durable sur la manière dont les individus développent leur sexualité et leurs relations interpersonnelles.
Ainsi, on peut conclure que les allégations indiquant que l’OMS préconise la masturbation, la pornographie et les relations sexuelles chez les enfants sont fausses et relèvent d’une mauvaise interprétation des directives de l’organisation.
Par : Godlive Nyemba
Cette vérification des faits est produite par La Guardia Magazine, dans le cadre d’une initiative collaborative entre la MONUSCO et Code for Africa, à travers son initiative de vérification des faits, PesaCheck.