Kalemie: nécessité de création d’un observatoire du lac Tanganyika

Kalemie: nécessité de création d’un observatoire du lac Tanganyika

Le changement climatique renforcé par le phénomène El Nino qui touche l’océan Indien a eu des effets néfastes sur l’Est de l’Afrique. Plusieurs pays dont la RDC sont touchés par des inondations. Celles-ci provoquent la montée des eaux du lac Tanganyika. A Kalemie, des voix s’élèvent pour exprimer la nécessité de création d’un observatoire du lac. Ainsi, les chercheurs, les acteurs gouvernementaux , la société civile et même la population riveraine ne seront pas pris de cours par le comportement du lac .

Actuellement, la RDC en général et la province du Tanganyika en particulier naviguent à l’aveugle devant les phénomènes environnementaux qui touchent le lac Tanganyika. Mathias Makolovera, assistant à l’université de Kalemie, estime que c’est inacceptable.  » Nous vivons le littoral du lac Tanganyika. Mais, il n’existe aucune structure qui fait le suivi du comportement du lac. Et aujourd’hui, nous sommes affectés par des inondations dont les dégâts sont importants. Même au sein de l’université de Kalemie, il n’existe aucune filière qui  mène des recherches sur les phénomènes climatiques. »

Interpellation

Cette interpellation trouve de l’écho auprès de certains chercheurs. C’est notamment le professeur Dr Deogratias ILUNGA YOLOLA TALWA, recteur de l’Université de Manono dans la province du Tanganyika, expert en gouvernance environnementale. Pour lui, l’observatoire du lac Tanganyika aura différentes missions.

 »Un observatoire lacustre est une structure qui acquiert de façon régulière des données relatives au lac de manière fréquente et sur une zone plus ou moins étendue. L’objectif principal est d’analyser et d’informer sur les évolutions du lac et les environnements lacustres dans lesquels il se trouve. »

En effet, sa mission se place dans une démarche d’observation à long terme . Il va ensuite caiptaliser les données fiables et régulières sur l’évolution des traits de côte lacustres. Et ces informations seront mises à disposition auprès d’un public assez large . C’est entre autres les décideurs politiques, les populations et les scientifiques…

Lire aussi : https://magazinelaguardia.info/2024/04/23/kalemie-vit-les-effets-du-rechauffement-climatique/

Initiative existante ?

Déjà en 2019, la division de pêche et d’élevage dans la province du Tanganyika avait émis l’idée. Deux acteurs, à savoir Jean Pierre Kapalay et Dr Kaut Mutomb avaient même pris l’engagement . Pour notre part, nous nous engageons avec d’autres experts à constituer un observatoire du Lac Tanganyika . De ce fait, nous pourrons accompagner l’Autorité dans la gestion quotidienne si déterminante pour le futur de cet important écosystème aquatique.
Voilà pourquoi il lance ces cris de détresse.

Néanmoins, cette initiative n’a pas été concrétisée faute de moyens financiers. Toutefois, le Docteur Kaut Mutomb, chef de la division de la pêche et de l’élevage, reste convaincu qu’un observatoire du lac est une nécessité. Pour lui, cette structure va aussi collecter des données sur la pêche, les techniques de la pêche responsable. En outre, elle sera un outil pour les bailleurs de fonds. Car, dit-il, différents projets montés pour la sauvegarde des écosystèmes et du littoral n’ont pas abouti. La raison , explique-t-il, est qu’il n’existe pas de données fiables et les décisions se prennent très loin de l’espace couvert par le lac Tanganyika.

Des mesures d’accompagnement

Par ailleurs, le professeur Dr Deogratias ILUNGA, expert en gouvernance environnementale, indique qu’il faut aller au delà de l’installation d’un observatoire du Lac .  Il faudrait beaucoup plus travailler sur les véritables causes humaines . Celles-ci sont des facteurs favorisant la montée des eaux du lac et les inondations.

De ce fait, il propose quelques actions urgentes pour sauver la ville de Kalemie . Parmi elles, il y a la sensibilisation pour une citoyenneté verte. Aussi, l’autorité administrative doit prendre un moratoire sur le lotissement de nouvelles zones inondables. Évaluation des titres de propriété dans les zones incriminées et retrait moyennant délocalisation/compensation/indemnisation. Il faut aussi des actions de 
Reboisement des sommets des collines. Et enfin, trouver un nouvel espace pour l’extension de la ville de Kalemie.