Transition énergétique : des employés locaux sont les moins servis ?
La transition énergétique que prône les pays du monde suscite une demande de plus en plus forte des minerais stratégique. C’est le cas du cobalt qui entre dans la fabrication des batteries électriques. La RDC compte les plus importants gisement de ce minerais et le rythme de son exploitation s’accélère. Ce qui ramène les sociétés minières a accroitre non seulement leur production mais aussi les bénéfices. Par contre, dans la chaine d’approvisionnement, les employés locaux des pays de production du métal noir , sont les moins servis.
» Un employé qui a le grade le plus bas au sein de notre entreprise, touche un salaire de misère. Ce sont par exemples, les manœuvres, les nettoyeurs . Ils ont une rémunération d’ environ 200$ le mois. » Ce témoignage est celui d’un employé de l’entreprise Métalkol du groupe Eurasian Ressources Africa qui a requis l’anonymat. Toutefois, il assure que les salaires des employés Congolais sont fixés selon les catégories. » Les agents qui ont le grade de maîtrise ont une rémunération qui varie entre 750 et 1200$ , c’est la catégorie 6 ou 7 . Ensuite, il y a ceux de la catégorie 5. Leur salaire est autour de 400$. »
Cette situation est aussi peu reluisante pour les travailleurs employés dans la sous traitance auprès de Metalkol. Pourtant 64 % de la main d’œuvre de cette filiale du groupe ERG provient de la sous traitance, indique l’ong RAID dans son rapport de 2021. Au début du mois, ceux de la société KBS se sont meme soulevés . Ils ont dénoncé des retenus sur leur salaire de près de 11 % . Papy , son prénom a été modifié, est l’une des victimes . » Mon salaire de base est de 270 $. Ensuite, j’ai une allocation de 60 $ de logement, 20 $ de transport et 10$ pour la restauration. Soit un total de 360$.
Entretemps, les ambitions du groupe ERG sur la production de sa filiale Metalkol sont toujours grandes. Celle-ci extrait actuellement 15 000 tonnes de cobalt et 77 000 tonnes de cuivre. En outre, le groupe prévoit d’atteindre une production de 24 000 tonnes de cobalt et de 120 000 tonnes de cuivre à pleine capacité pour Metalkol. Avec un cout de plus de 26.000 $, la tonne de cobalt en ce mois de juin, cela laisse entrevoir des bénéfices à la hauteur de la production.
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Quid des employés locaux en Zambie ?
Le groupe ERG Africa exploite du cobalt et du cuivre avec des principaux actifs dans quatre entreprises. Il s’agit de Boss Mining , de la Mine frontière, de Comide ainsi que de Metalkol. En Zambie voisin, le groupe a développé une raffinerie de cobalt et de cuivre, Chambishi Metals . Située non loin de la ville de Kitwe, cette raffinerie a une capacité annuelle de production de 6 800 tonnes de cobalt métal et 55 000 tonnes de cuivre métal. Toutefois, selon les dernières informations, la raffinerie de Chambishi a été racheté il y a une année, par le groupe chinois CNMC.
Néanmoins, les conditions salariales des employés locaux ne seraient pas meilleures que celles de leurs collègues Congolais, selon des témoignages recueillis sur place. »En Zambie, également les salaires varient le grade et la fonction d’un employé local du secteur minier. Il varie entre 100 et 500 $ », témoigne Zefania Zulu, journaliste indépendant basé en Zambie.
Des employés locaux sacrifiés ?
Maitre Mickael Mwema, membre de l’ong IBDGH basée à Kolwezi soutient aussi que les conditions salariales des employés de sous traitance sont déplorables. Et pour lui, la responsabilité incombe aux chefs de ces sociétés. » Généralement, lorsqu’une entreprise mère signe un contrat avec un sous traitant, elle propose aussi la rémunération. Parfois, elle va jusqu’à 800 ou 1 000$. Toutefois, le problème se situe au niveau de l’entreprise de sous traitance. Dans la plupart d’entre elles, le salaire le plus élevé est de 500 $ . Et sur le terrain, on constate que pour la même tache, l’entreprise mère paye plus alors que le sous traitant paye moins. »
Et pour cet acteur de la société civile, les sociétés de sous traitance priorisent les intérêts des actionnaires au détriment des employés. Par contre, les sous traitants ne sont pas de cet avis, indique le rapport de l’ong RAID, Rights and Accountability in Development de 2021 . »Les entreprises principales privilégient cette main d’œuvre car elle est bon marché », ont déclaré certains responsables à l’ong RAID.
Pour sa part le groupe ERG indique sur la page Web de la société Metalkol son engagement pour le respect des droits humains. » ERG offre à ses employés « une rémunération compétitive alignée sur les conventions collectives et les exigences législatives . En outre, il assure des frais de scolarité, des allocations pour le logement, les transports et des soins médicaux. Néanmoins, le groupe ne fournit aucune information sur les rémunérations
et les avantages sociaux proposés par les sous-traitants.