RDC: Controverse autour du diagnostic sur la politique forestière
La République démocratique du Congo, RDC, veut se doter d’une politique forestière nationale. Le processus de son élaboration a été lancé avec la validation de la feuille de route au cours de la 5è session du conseil consultatif national des forêts en octobre 2023, à Kinshasa.
Pour rendre concret ce processus, les experts du Ministère de l’Environnement, des Universités, des chercheurs et ceux de la société civile se réunissent à Kisantu, au Congo central. Du 21 au 27 juillet, ces participants sont en retraite de consolidation du diagnostic du secteur forestier. L’objectif est en effet d’élaborer la politique forestière nationale.
Lire aussi : https://magazinelaguardia.info/2022/08/29/rdc-des-axes-prioritaires-pour-sauver-les-forets/
Cette initiative est sujet d’une controverse. Certains acteurs environnementaux estiment qu’il était temps de mettre en place une politique sectorielle pour la gestion des forêts en RDC.C’est le cas du Professeur Augustin NGE, expert en bois énergie et participant à ces assises. «Depuis son existence, la RDC n’a jamais eu une politique forestière. Ce n’est plus possible de marcher sans boussole.» Chose que Charles Tsheya Mulopwe ne juge pas opportune. Ce chercheur en environnement estime que commencer par une politique sur la forêt, est un mauvais départ.«La RDC devrait se doter d’abord d’une politique publique Environnementale. Ainsi, cette politique va donner des grandes orientations fondamentales sur la gestion de l’environnement .»
Des inquiétudes
Malgré les énergies engagées dans ce processus d’élaboration de la politique forestière, des inquiétudes persistent. Le chercheur Tsheya Mulopwe doute de la réussite des politiques sectorielles sans la politique générale sur l’environnement. Il estime que mettre en place des politiques sectorielles dans chaque domaine risque d’avoir un impact négatif sur les résultats.
«La RDC a beaucoup d’outils normatifs, des politiques, des stratégies qu’elle ne met pas en pratique à cause de cette multiplicité des documents.»
Cependant, Didier Makal Journaliste environnemental et chercheur sur les ressources naturelles reste aussi inquiet sur l’approche de ce processus. Pour lui, les choses ne devraient pas se passer ainsi.« Ce diagnostic devrait être précédé par un inventaire sur le terrain afin d’arriver à avoir une politique éclairée.» Pour sa part, Innocent Ombeni, condamne la politisation des questions techniques.« Le processus d’élaboration de la politique forestière a raté une étape cruciale dans la phase préparatoire des états généraux.»Cet Observateur indépendant des politiques et gestion forestière indique qu’il était prévu des larges consultations provinciales. Et chaque sous-commission devrait aller en province avant l’organisation des États généraux des Forêts. Malheureusement cela n’a pas eu lieu.»
Par ailleurs, ces travaux de Kisantu vont conduire à la rédaction d’un draft zéro. La prochaine étape sera consacrée aux consultations dans les différentes Provinces.
Pour Innocent Ombeni, cette démarche inverse les choses. D’où, les questions des acteurs environnementaux sur la réussite dudit processus qui selon eux, n’a pas bénéficié d’un large consensus des parties prenantes dans les provinces.