RDC: Faire face au colonialisme numérique
L’évolution numérique est-elle une forme de colonialisme ? Maître Jacques MUKONGA SEFU croit que oui ,car les données numériques étant stockées quelque part, cela permet aux occidentaux de contrôler le monde. De ce fait, l’avocat s’est interrogé sur la manière dont la RDC se prépare pour faire face à cette nouvelle forme de colonialisme. C’est le mot en droit que propose Me Jacques Mukonga
On peut s’intéresser à la prospective parce qu’elle propose une histoire du futur. Déjà, elle nous a dévoilé la forme de la colonisation du futur : le colonialisme des données.
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En effet, « de la Rome antique à la Grande-Bretagne du XIXe siècle, écrit Harari, les empires devaient autrefois envoyer des soldats conquérir pays et territoires. Les nouveaux empires du XXIe siècle pourraient conquérir un pays sans dépêcher de soldats, mais en s’emparant des données. Un petit nombre d’entreprises ou de gouvernements qui moissonnent les informations du monde pourraient transformer le reste du globe en colonies numériques ».
«Imaginez la situation dans vingt ans, quand quelqu’un, à Pékin ou San Francisco, aura toutes les données personnelles de chaque politicien, maire, journaliste et PDG de votre pays. n’ignorant rien de ses maladies, de ses aventures sexuelles, de ses blagues ou des pots-de-vin reçus. Votre pays sera-t-il encore indépendant ou deviendra-t-il une colonie numérique ? » poursuit cet auteur. La lecture de ces histoires invraisemblables du futur entraîne à compulser les codes juridiques pour voir comment la RDC se prépare à faire face à ces enjeux.
En droit
Le code congolais du numérique parle de ‘‘souveraineté numérique”. Celle-ci est entendue comme, « le droit d’autodétermination dont un pays dispose à décider de sa propre politique en matière du numérique notamment sur ses infrastructures, sur ses données et leurs traitements ». C’est l’article 2, point 77 du code Congolais du numérique.
Mais l’histoire nous a (dé)montré que la proclamation de la souveraineté n’est pas encore la souveraineté. A preuve, l’Union Européenne n’a pas hésité à se considérer comme une colonie numérique des Américains dans la mesure où jusqu’en 2022, 92% de ses données étaient encore stockées aux Etats-Unis. Dès lors, pour les Etats, disposer de ses propres Cloud et des Datacenter pour pouvoir stocker localement les données publiques sensibles constitue le premier pas vers la souveraineté numérique réelle.
Au total, les enjeux de souveraineté dans le secteur de nouvelles technologies numériques sont vertigineux. Mais pour un pays comme la RDC qui peine encore à relever les défis accessibles tels que gérer une prison, il y a lieu de s’inquiéter face au monde qui nous attend, qui est déjà là.
Maître Jacques MUKONGA SEFU