Lubumbashi sans zones humides risque de disparaitre

Lubumbashi sans zones humides risque de disparaitre

La ville de Lubumbashi s’agrandit tous les jours mais le risque de disparaitre  est grand. Ces dernières années, presque toutes les zones humides sont envahies par des constructions. C’est notamment sur le lac Tshombe ainsi qu’au bord de la rivière Lubumbashi. Et les conséquences de cette activité humaine sur le plan environnement et climatique sont déjà perceptible. Les températures ne cessent de monter  tandis que les pluies se rarifient. 

En effet, depuis près de 4 ans, un projet de construction  d’un parc nautique voit le jour sur le lac Tshombe à Lubumbashi. Environ 3 hectares de ce lac municipal ont cédé la place à la terre ferme. L’initiateur du projet a utilisé des tonnes des moellons et de la ferraille pour monter la digue. Celle-ci doit accueillir des infrastructures du parc nautique.

Entretemps, en amont du lac Tshombe, d’autres zones humides sont également menacées. C’est principalement le long de la rivière Lubumbashi dans la zone comprise entre sa source et le lac Tshombe. Ici, les zones humides sont remblayées pour constituer des terrains pour la construction. En outre, à certains endroits, la rivière n’a plus qu’une largeur de moins de 3 mètres. Non loin du pont Kalubwe par exemple, une station service est en construction. Du coté du Sud de la rivière et un peu plus au Nord, des dizaines des battisses sortent des terres. Les murs de fondation vont jusque dans ce principal cours d’eau de la ville.

Lire aussi : https://magazinelaguardia.info/2022/12/14/rdc-catastrophe-naturelle-quelles-mesures-preventives/

Risque environnemental

Ces différents projets de construction sur les zones humides ont des conséquences  tant sur le plan environnemental qu’écologique. Maitre Sabin Mande, directeur du Réseau des ressources naturelles dans le Haut Katanga estime que le projet du parc nautique n’est pas une nécessité. En effet, l’auteur du livre Le droit de l’environnement soutient que Lubumbashi connait déjà des effets du changement climatique.

Et il s’inquiète de voir que le peu de réserve d’eau encore disponible dans la ville, soit aussi sacrifié. ‘’ La ville de Lubumbashi n’a presque plus de rivières qui sont alimentées en densité d’eau. En même temps, la ville n’a plus de foret urbaine. Avec tout ce que  nous avons comme problèmes en termes d’augmentation de la température, je ne vois pas la nécessité de ce projet, indique -t-il

De plus, le projet du parc nautique a été monté sans avoir mené au préalable une étude d’impact environnemental. Pourtant c’est une exigence légale , explique maitre Sabin Mande. Elle permet d’évaluer le risque de cette activité  sur les écosystèmes. Aussi, il faut faire une évaluation des espèces aquatiques, celle du paysage ainsi que du risque de contamination de l’eau.

Rôle écologique

Par ailleurs, les  zones humides, les cours d’eau, le lacs et les océans jouent un rôle écologique et permettent l’équilibre de la nature. En outre, l’eau est un puit Carbonne car  elle capte le gaz carbonique dégagé dans l’espace. Aussi, l’eau permet à la terre de respirer soutien encore ce défenseur de l’environnement. ‘’ Si on a assez des rivières dans une ville ou cité, la vie sera équilibrée. La  foret aura assez d’eau, elle va pousser et donner  de l’oxygène à l’homme. Et cela crée un équilibre ’’, affirme-t-il.

Pour sa part, le professeur Jean Pierre Ndjibu, directeur de l’observatoire du changement climatique pour l’Afrique australe ,est aussi inquiet. ‘‘Une ville , une cité ou un village qui n’a plus de zones humides est voué à disparaitre  », alerte ce chercheur. Et d’ajouter, ces zones ont beaucoup d’influence sur le plan écologique, hydrologique et biologique. En effet, les zones humides permettent de réguler les crues et de ralentir les débits en période pluvieuse. Ainsi,  elles stockent l’eau et en retardent ainsi le ruissellement et les apports d’eau de pluie vers les cours d’eau situés en aval. De ce fait, elles jouent  un rôle dans la prévention contre les inondations. En outre, elles sont le berceau de la biodiversité.

Le professeur Ndjibu soutient aussi que ce comportement de l’homme sur la nature est à la base du dérèglement climatique dans la ville de Lubumbashi.  »Nous n’avons qu’observer le rythme des précipitations à Lubumbashi. Nous avons eu jusques là que deux jours des pluies. Malgré cela, la terre est déjà très sèche et il fait extrêmement chaud. » Le professeur Jean Pierre Ndjibu explique qu’il y a beaucoup des modifications sur le plan climatique. Celles-ci poussent également à des modification génétiques des espèces. Enfin, les défenseurs de l’environnement appellent à une conscience collective. D’après eux, détruire les zones humides et les cours d’eau es très dangereux pour l’avenir de la ville.