RDC : la peine de mort suscite encore le débat

RDC : la peine de mort suscite encore le débat

Depuis le 8 décembre dernier, une pétition contre la peine de mort en RDC a été lancée. Celle-ci vise l’abolition de cette sanction extrême au pays. Mais elle vise aussi la non-exécution des peines déjà prononcées. Lancée par Nodeath Penalty, cette pétition peine à récolter des signatures. Jusque-là, seules 257 personnes l’ont signé. Alors qu’elle ne vise que 500 personnes dans un premier temps.

Pour les initiateurs, la peine de mort est une injustice. Ils reprennent à leur compte les paroles de Robert Badinter, avocat français, qui a dit un jour : « Cette justice d’élimination, cette justice d’égoïsme et de morts, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu’elle est pour nous l’antijustice ». Ainsi, les pétitionnaires appellent le gouvernement congolais à plus d’éthique et de conscience. Ils invitent également des Congolais à la signer.

Ces appels, il faut le dire, sont nombreux. Beaucoup d’organisations non gouvernementales, tant au niveau national qu’international, appellent, elles aussi, à l’abolition de la peine de mort en RDC. C’est le cas d’Amnesty International, de la Commission nationale des droits de l’homme ou encore de l’Église catholique.

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La peine de mort, pourquoi pas ?

Si beaucoup plaident pour son abolition, certains Congolais l’approuvent. Un sondage du groupe d’étude pour le Congo en juin 2024 l’a démontré. 70 % des personnes sont favorables à cette peine. Beaucoup estiment que les choses doivent changer. C’est le cas déjà de Jean Willy Bulu, un citoyen congolais. « Je soutiens la peine de mort. Car les gens n’ont plus pitié de la RDC et de la population. Les anti-valeurs sont devenues des valeurs.  Et si on n’applique pas la peine de mort, c’est fini, le pays va tout droit dans la perdition », dit-il.

Il faut dire que Jean Willy Bulu n’est pas le seul à le penser. Evrys BANTU, un Congolais qui habite le Kivu, partage le même avis. Pour lui, le respect de la vie humaine vaut aussi pour ceux-là qui l’arrachent par des guerres et autres. « La sacralisation de la vie ne l’est pas uniquement pour ceux que l’État décide de tuer pour instaurer l’ordre et éradiquer l’impunité (…), mais aussi pour ceux qui ont été tués par ces bandits », dit-il. Il insiste par ailleurs sur le fait que les pétitions comme celle-ci freinent le développement du pays.

À noter que, depuis l’annulation du moratoire suspendant la peine de mort, 61 personnes ont déjà été condamnées à mort, dont 37 pour tentative de coup d’État et 24 membres de groupes armés.