Haut-Katanga : des mesures sans études contre la criminalité?
La ville de Lubumbashi connaît un regain de criminalité. Les meurtres se comptent par dizaines. Pour répondre à cette situation, le gouverneur de la province du Haut-Katanga vient de mettre en place des mesures. Parmi elles, l’instauration du couvre-feu à partir de ce lundi 20 janvier. Cependant, certains experts estiment qu’il ne s’agit que de mesures politiques. Car elles ne vont pas répondre à la criminalité qui se vit dans la province.
En fait, il s’est installé dans la ville de Lubumbashi, depuis quelque temps, une nouvelle forme d’insécurité. Des personnes sont tuées dans la nuit à l’aide des machettes et leurs corps abandonnés dans différents coins de la ville. Selon le gouverneur de la province du Haut-Katanga, Jacques Kyabula qui instaure ces mesures, les corps sont souvent déplacés des scènes du crime. Ainsi, des bouclages, un couvre-feu et des patrouilles mixtes seront instaurés à partir de ce lundi 20 janvier 2025.
Lire aussi:Insécurité : Lubumbashi est-elle devenue une jungle ?
Des mesures sans études au préalable
Pour les experts en criminologie, ces mesures, bien qu’elles soient à saluer, ne peuvent pas être efficaces. « Il s’agit des mesures politiques pour répondre à la frustration de la population », explique Philis Ntumba Nsabanga, expert en criminologie. Pour lui, pour contrer une telle criminalité, il faut une étude sérieuse. « Il faut comprendre pourquoi ils agissent. Mais aussi comprendre qui peuvent être les possibles auteurs« , explique-t-il encore. Et d’ajouter : « Il est important de comprendre leur mode opératoire et les contours de cette criminalité pour en venir à bout. Sinon, agir sans études, c’est du bricolage et on va perdre de l’argent dans une opération qui n’apportera aucun résultat« , dit-il encore.
Il faut dire que l’avis de cet expert fait écho à ce que certains habitants de Lubumbashi pensent. Duc Mbuyi habite la ville de Lubumbashi. Il est également membre du mouvement citoyen Lutte pour le changement, la LUCHA. Pour lui, cette décision devrait s’accompagner d’autres mesures. « Ces bouclages risquent d’être menés sur des artères asphaltées, alors que la criminalité est dans les quartiers reculés difficiles d’accès », dit-il. Il explique par ailleurs que ces mesures n’ont pas trouvé de soubassement. Pour lui, les gouvernants doivent être anticipatifs et non subir les événements. « C’est surtout qu’ils doivent rendre la ville accessible par la réhabilitation des routes« , dit-il. Duc Mbuyi explique encore » que ce n’est pas la première fois qu’un couvre-feu est mis en place dans la ville pour contrer l’insécurité, avec des résultats mitigés ».
Quoi qu’il en soit, ce 20 janvier, à partir de minuit á 5 heures, un couvre-feu est mis en place. Toutefois, le gouverneur n’a pas annoncé quand il prendra fin.